|
|
|
|
L'actualité d'EchoWay et du tourisme solidaire |
|
En Amérique Latine, Cuba se distingue par son succès face à la Covid-19
Cet article s'inscrit dans le dossier thématique réalisé par les étudiants du Master "Marchés émergents - Monde latinoaméricain" de l'Université d'Angers (ESTHUA), sur les conséquences de la pandémie de COVID-19 au sein des destinations touristiques d'Amérique latine. Les contributions présentées portent plus particulièrement sur les enjeux de la situation sanitaire à Cancun au Mexique, mais aussi à Cuba, au Pérou, au Costa Rica et dans l'Ile de Pâques.
Si aujourd’hui Cuba représente dans l'imaginaire collectif un paradis pour les vacanciers, cela n’a pas toujours été le cas. En effet, au fil des décennies, le pays s’est confronté à des problématiques variées, de la lutte contre la colonisation espagnole aux révolutions politiques, en passant par le blocus étasunien actuel. Aujourd’hui, il doit traverser une nouvelle épreuve, celle de la pandémie de la Covid 19. Mais cette fois-ci, l'île semble pouvoir compter sur ses ressources, médicales et touristiques, pour contrer cette période sombre et tirer son épingle du jeu face aux autres pays de la région et relancer son économie post-Covid.
La renommée internationale de la médecine cubaine au service de la gestion de la pandémie
La médecine à Cuba est reconnue mondialement. En effet, l'exportation des services médicaux est le premier secteur d’activité du pays, (avec 6.3 milliards de dollars en 2018), suivi par le tourisme, en seconde position. Si le système est souvent critiqué par les pays occidentaux, à cause des faibles revenus des médecins (environ 50 pesos convertibles par mois soit environ 40 euros), il n’en reste pas moins efficace, performant et égalitaire. La santé est accessible et gratuite à tous, et l'espérance de vie des locaux a d’ailleurs dépassé celle des Etats Unis, son principal détracteur. La proportion de médecins par habitant, 82 pour 10 000 habitants (soit le premier rang mondial), dépasse largement celle de la France (35 pour 10 000) et des Etats Unis (26 pour 10 000). Cette capacité repose sur la formation médicale gratuite à Cuba, qui est d'ailleurs le pays de référence en formation médicale en Amérique latine. En 1999, Cuba a créé l’ELAM, ( École latino-américaine de médecine), qui forme chaque année des milliers d’étudiants en médecine provenant de tout le continent. Lors d’un choix de destination, les conditions sanitaires sont souvent un critère de sélection pour la clientèle étrangère. Cette capacité à répondre à ce besoin est donc favorable pour le pays en termes d’attrait touristique.
Avec 150 hôpitaux répartis sur l'île, le territoire semble donc davantage en mesure de répondre aux besoins engendrés par la pandémie de la Covid 19 que la plupart des autres pays latinoaméricains. Grâce à son système de santé, l'île a été relativement épargnée par la pandémie, avec 136 décès sur 8 610 cas selon les statistiques officielles, dans un pays où la population est de 11,2 millions d’habitants. Cuba est donc aujourd’hui une référence en termes de gestion de crise sanitaire. Malgré la perte économique mensuelle estimée à 140 millions de dollars depuis le début de la crise, les pertes humaines ont été largement épargnées. La gratuité des soins médicaux représente également un avantage majeur pour une population pauvre, où le salaire moyen est de 19 dollars par mois.
De ce fait, durant la crise, les forces médicales cubaines ont été déployées en masse à travers 38 pays dans le monde, pour apporter leur aide et leur savoir-faire, en février en Chine, puis en mars en Italie, où ont été reçu 52 médecins en provenance de l'île pour aider à lutter contre la pandémie. Ces actions internationales permettent donc indirectement d’améliorer l’image de Cuba, de promouvoir son potentiel médical, de renforcer de nouvelles alliances politiques, et de générer des revenus importants. Géopolitiquement, Cuba a donc su tirer son épingle du jeu avec ce levier indispensable à la gestion de la crise. La médecine s’est révélée être une arme massive de soft power du pays. En effet, le pays connaît depuis plusieurs dizaines d'années des conflits avec les Etats Unis, qui s’étaient atténués sous la présidence d’Obama. Durant son mandat, Donald Trump a cependant relancé les hostilités en entamant notamment une campagne de discrédit de la médecine cubaine à travers le monde qui a porté ses fruits. Le Brésil notamment, lors de la prise de pouvoir du président Bolsonaro, avait renvoyé les 8 000 médecins cubains œuvrant sur son territoire vers leur sol natal. Puis, la Bolivie, ainsi que l'Equateur et l’Argentine ont suivi le mouvement, sans se douter de la crise sanitaire imminente. De plus, la Chine, ainsi que la Suisse, ont refusé d'apporter leur aide durant le période de pandémie (des quantités importantes d’aides financières, de matériel médical, de respirateurs et de ventilateurs n’ont pu être acheminés) par peur des répercussions possibles de la part des USA qui imposent toujours un blocus sur le pays. Les sanctions des Etats-Unis pèsent également sur le tourisme de l'île. Le département d’État a ainsi ajouté sept compagnies et hôtels cubains à sa liste d’entités sanctionnées. Marriott, par exemple, a dû fermer son hôtel à Cuba et faire une croix sur les projets qu’il y avait en développement alors qu’il était entré sur le marché cubain en 2016.
Mais au vu des résultats américains dans leur gestion de la pandémie, plus que catastrophiques, et du succès du modèle cubain, les performances médicales, politiques et sanitaires respectifs des deux pays ont permis de recadrer naturellement ces accusations.
Une gestion stratégique et fructueuse de la crise par le gouvernement
Lors des premiers cas de Covid dans le monde, l'île n’a pas directement fermé ses frontières, ce qui a permis au virus de pénétrer le territoire via des touristes italiens contaminés, en vacances à Trinidad. Rapidement, la problématique a été traité, et Cuba fermera ses frontières le 20 mars aux touristes, organisant le rapatriement des cubains encore à l’étranger, soumis à une obligation de 14 jours d’isolement. Les touristes restants ont quant à eux été confinés dans des hôtels mis à dispositions. Une action de dépistage massive a également été organisée instantanément auprès de la population, afin de maîtriser les contaminations dès les premières semaines, et grâce à la force médicale suffisante du pays. De plus, des brigades d’étudiants en médecine ont arpenté les rues afin d’effectuer des enquêtes rue par rue, maison par maison, pour demander des nouvelles des familles et détecter au plus tôt de possibles symptômes. L’Etat a misé sur quatre objectifs : prévention, traitement, isolement et information pour gérer la crise. Cuba a pris des mesures de sécurité aux aéroports, et proposé ses services de transports pour les déplacements des médecins via des taxis pris en charge par le gouvernement. Les écoles, institutions et lieux de divertissement ont été fermés, et utilisés comme lieux de quarantaine pour les contaminés. Les factures d’eau, d'électricité et d’internet ont été suspendues.
Ensuite, il a fallu gérer les conséquences liées à la vie insulaire, soit la dépendance internationale sur divers plans. Les ressources agro-alimentaires du pays sont à 80% importées. Les rationnements s’en sont inévitablement fait ressentir, et rapidement les pénuries ont commencé à apparaître (café, lait, papier toilette, etc…). Les points de ressources tels que les supermarchés ont dû mettre en place des systèmes de distribution respectant la distanciation sociale, et contrôlés par les forces de polices mobilisées pour gérer les flux.
Deux types de quarantaines sont mis en place selon la gravité de l’épidémie dans la zone. Dans les zones les moins affectées, la quarantaine est volontaire. L’accès aux plages est interdit, et la police est missionnée de contrôler les files d’attente devant les magasins et éviter les regroupements importants, ce qui affecte le travail informel, très présent à Cuba. Un plus grand nombre d’aliments qu’en temps normal est distribué dans les centres de quarantaine pour répondre aux besoins de première nécessité et éviter l’émergence de problèmes de dénutrition. Dans les zones les plus affectées en revanche, la quarantaine est obligatoire et les rues sont militarisées. Des distributions d’aliments et autres objets de première nécessité sont effectuées par des étudiants, du personnel médical et de la restauration, et par la police. Les lieux sont désinfectés et des enquêtes sanitaires sont mises en place.
Aujourd’hui, pour entrer dans le pays, il vous faudra avoir une déclaration de santé obligatoire, délivrée à bord des avions, effectuer à l’arrivée de l’aéroport une prise de température, et passer un test PCR, à réitérer 5 jours après votre arrivée. Enfin, une assurance voyage couvrant les frais liés à la Covid-19 est obligatoire. Cependant, on constate une reprise timide de la promotion de cette destination. Elle est “trop chère pour ce que c’est” selon une agence de voyage française pour qui la reprise des circuits cubains ne se fera sans doute pas avant le mois de décembre 2020. Par ailleurs, la République dominicaine suit Cuba de près dans les recherches de voyages dans les Caraïbes, ce qui en fait un de ses premiers concurrents.
Une reprise du tourisme progressive mais prometteuse
Le secteur du tourisme avait réussi à sortir Cuba du plus profond de la crise économique des années 1990 qui a traumatisé une génération entière d'habitants. Aujourd'hui deuxième secteur d’activité du pays, il reste primordial à son activité. L’enjeu d’une reprise au plus vite du tourisme est donc d’autant plus urgent et stratégique, tant pour l'État que pour les habitants. Si Cuba a vu son nombre de touristes baisser en 2019 à seulement 4 millions (face à une estimation de 5 millions d’arrivées) suite au renforcement du blocus étasunien, le pays compte sur ses autres foyers émetteurs de touristes pour réactiver le tourisme.
Huit mois après le début de la pandémie, le pays a rouvert ses frontières le 15 novembre 2020. Il a d'ailleurs entamé sa campagne “Cuba, destination sûre", afin d’attirer à nouveaux les voyageurs, en axant sa communication sur la sécurité sanitaire légitime de ce pays médicalement très développé, appuyé par ses belles performances sanitaires durant la crise. Mi-octobre, cinq aéroports internationaux avaient repris leurs fonctions. Le protocole mis en place est un test PCR exigé à l’arrivée et facturé 30 dollars, suite auquel les voyageurs sont invités à ne pas sortir pendant 24h, durée de résultats. La reprise du tourisme s’est notamment basée sur le tourisme dit de “sol y playa”, notamment dans la station balnéaire de Varadero.
La Havane n’est toujours pas mise en avant, ne souhaitant pas promouvoir le tourisme culturel pour le moment dans la capitale où la moitié des cas se concentrent. Les hôtels privés ont rouvert, et mis en place un système de paiement par carte bancaire uniquement afin de limiter les contacts. Un médecin est également présent dans chaque hôtel afin d’assurer une permanence sanitaire rassurante et nécessaire à la continuité de la gestion de la crise.
Nouveauté, Cuba a choisi de proposer une forme attractive de service auprès des Canadiens, leur premier foyer émetteur de tourisme. La marque espagnole d'hôtellerie “Mélia” valorise des séjours longs de deux ou trois mois auprès de ce marché stratégique, pour venir sur l'île y faire du télétravail . Une politique également menée aux Bahamas et à la Barbade. Les enjeux sont donc de proposer des services de connexion internet à la hauteur des exigences des travailleurs au sein d’une zone mal équipée et où l’accès est limité et peu fonctionnel. Sur 34 hôtels de la marque à Cuba, 10 sont donc réouverts aux touristes. De son côté, le Canada impose une quarantaine au retour de la destination. La France, troisième foyer émetteur (après l’Angleterre), reprend également ses liaisons commerciales prudemment. Air France offrira donc dès mi-décembre un trafic aéroportuaire à hauteur de deux vols par semaine, contre un par jour auparavant. Le pays pourra donc compter sur sa sécurité médicale renforcée et sa bonne gestion de la crise sanitaire pour concurrencer les autres destinations d'Amérique latine, toujours dans une situation sanitaire très préoccupante.
Une évolution sociale, reflet d’un bouleversement conjoncturel
Durant la pandémie, de douloureux souvenirs ont rattrapés les cubains. Durant la tristement célèbre “période spéciale” des années 1990, le pays a en effet traversé une des épreuves les plus difficiles de son histoire. C’est d'ailleurs pendant cette période que Cuba a cherché à développer un tourisme international, proscrit jusque là car perçu comme une intrusion. Avec l'effondrement du bloc soviétique, Cuba, fragilisé, a traversé une période très instable socialement comme économiquement, traumatisant les habitants de l'île, qui ont eu peur en 2020 de revivre ce drame. Pendant la crise de la Covid, Cuba a dû se heurter à des pénuries de médicaments, de nourriture, de carburant (le pays étant dépendant sur ce dernier point de son allié le Venezuela, fermé et très affecté par la Covid), comme une impression désagréable de déjà vu... De plus, ce dernier est le premier partenaire commercial du pays, et l’Espagne le quatrième ; deux pays parmi les plus touchés par la crise sanitaire. Le pays doit également faire face à une crise énergétique, causée par la surexploitation d’énergie liée à une utilisation accrue de cette ressource dans les foyers à cause du confinement. Les habitants ont vu leur salaire baisser d’en moyenne 60% durant la crise, fragilisant davantage les plus démunis.
De plus, on observe, malgré une cohésion sociale héritée de l’histoire socialiste du pays, des disparités économiques et géographiques significatives. En effet, une partie de la population est privilégiée sur le plan économique: propriétaires de magasins, dirigeants et fonctionnaires gouvernementaux, personnes travaillant dans le tourisme ou dans l’exportation. Pour les autres, les effets du confinement sont plus conséquents et les solutions pour pallier les pertes de salaire sont rares. Ensuite, toutes les zones de l'île ne sont pas affectées de manière égale, et les zones fortement touchées font face à des problématiques graves, notamment dans le cas des travailleurs informels. Les habitants dépendants du travail de rue se retrouvent ainsi confinés, en situation de précarité, et sans rentrées de ressources financières.
Pour les populations les plus vulnérables, la « débrouille » reste donc le maître-mot, tandis qu’une partie des produits de première nécessité, mais aussi du matériel médical, est revendue au marché noir. Signe de l’aggravation du contexte matériel pour de nombreux Cubains, on assiste à des affrontements avec la police, ce qui est un phénomène extrêmement rare à Cuba.
Malgré une situation économique fragilisée par la pandémie, l'île a su redoubler d’effort en optimisant ses ressources pour traverser la crise sanitaire, et s’impose comme un exemple à suivre pour de nombreux pays occidentaux. Si celle-ci a exacerbé les difficultés préexistantes, le peu de pertes humaines, la valorisation de son image à l'international et sa réouverture organisée et renforcée au monde et au tourisme semblent être les points majeurs à retenir de cette pandémie.
SOURCES
- https://www.lefigaro.fr/voyages/peu-touchee-par-le-covid-cuba-ouvre-grand-les-bras-aux-touristes-et-aux-teletravailleurs-20201120
- https://www.persee.fr/doc/caoum_0373-5834_1995_num_48_189_3542
- http://alencontre.org/ameriques/amelat/cuba/cuba-debat-le-casse-tete-economique-cubain-face-a-la-pandemie.html
- https://www.cairn.info/revue-mondes-en-developpement-2012-1-page-47.htm
- https://www.rfi.fr/fr/am%C3%A9riques/20201015-coronavirus-cuba-tient-pr%C3%AAte-retour-touristes-%C3%A9trangers-plages
- https://lundi.am/Ce-que-la-gestion-cubaine-de-la-crise-raconte1
- https://www.veilleinfotourisme.fr/international/pays-de-a-a-c/cuba/a-peine-plus-de-4-millions-de-touristes-a-cuba-en-2019
- https://theconversation.com/ombres-et-lumieres-du-systeme-medical-cubain-136930
- https://www.ouest-france.fr/economie/cuba-face-au-defi-d-attirer-les-touristes-en-pleine-pandemie-7058281
- https://www.lechotouristique.com/article/sanctions-americaines-le-groupe-marriott-contraint-de-plier-bagages-a-cuba
- https://www.rfi.fr/fr/amériques/20200701-coronavirus-reprise-timide-tourisme-cayos-cuba
Alicia Vanucci et Eva Wing
Étudiantes en Master "Marchés émergents - Monde latinoaméricain" de l'Université d'Angers (ESTHUA)
L’ÎLE DE PÂQUES - ENTRE ÉLOIGNEMENT ET CRISE SANITAIRE
Cet article s'inscrit dans le dossier thématique réalisé par les étudiants du Master "Marchés émergents - Monde latinoaméricain" de l'Université d'Angers (ESTHUA), sur les conséquences de la pandémie de COVID-19 au sein des destinations touristiques d'Amérique latine. Les contributions présentées portent plus particulièrement sur les enjeux de la situation sanitaire à Cancun au Mexique, mais aussi à Cuba, au Pérou, au Costa Rica et dans l'Ile de Pâques.
Située à 3500 km des côtes chiliennes dans le Pacifique Sud, l’île de Pâques, l’une des îles les plus isolées au Monde, a recensé ses premiers cas de COVID-19 en mars dernier. Célèbre pour ses statues appelées « Moaï », cette île de 164 km2 abrite aujourd’hui une population de 7550 habitants aussi appelés « rapanui ». Loin d’être indépendant, ce territoire insulaire rattaché au Chili dépend administrativement de la région de Valparaiso, source de tensions perpétuelles. Bien qu’étant isolée, l’île de Pâques n’a pas été épargnée par la crise sanitaire mondiale due à la COVID-19. Dans un tel contexte, on peut alors se demander si son éloignement est néfaste pour ses habitants.
UN TERRITOIRE INSULAIRE ÉLOIGNÉ MAIS DÉPENDANT
L’Île de Pâques - ou Rapa Nui pour ses habitants - qui tient son nom du jour de sa découverte par les européens en 1722, a été annexée par le Chili un siècle plus tard en 1888. Depuis lors, les relations entre cet espace insulaire et l'État du Chili ont toujours été difficiles. Il faut dire que les revendications de la communauté autochtone des rapanui vont parfois à l’encontre de ce que l’état chilien envisage pour cet espace. En effet, le Chili, comme dans de nombreux États d’Amérique du Sud, ne considère que très peu les intérêts et revendications des populations autochtones. C’est notamment le cas depuis que son patrimoine matériel est inscrit à l’UNESCO depuis 1995 ce qui crée des conflits quant à la gestion du tourisme.
Secteur économique phare de l’Île de Pâques, le tourisme a permis à ce territoire de sortir un peu plus de son isolement, et à la communauté rapanui de faire connaître sa culture ancestrale mais surtout de sensibiliser les visiteurs à ses revendications. Ses statues mystérieuses devenues célèbres dans le Monde entier, accueillent chaque année pas moins de 116 000 touristes venus les admirer. La fréquentation touristique augmente chaque année de plus en plus, amenant avec elle un problème de « sur-fréquentation » mettant en danger à la fois l’état des Moaï mais également l’ensemble de l’écosystème de l’île. Tout cela peut être dû, non seulement à une mauvaise utilisation des ressources sur le territoire mais également à un excès de consommation d’eau et d’énergie.
Le peu de liaison aérienne et maritime fait de la gestion des déchets le plus gros problème présent sur place. Avec 2,5 tonnes de déchets par an (contre 1,4 tonnes il y a 10 ans), Rapa Nui se retrouve avec une quantité de déchets bien supérieure à celle créée par les seuls habitants de l’île (pour rappel : 116 000 visiteurs par an contre 7550 habitants). On estime que d’ici 2025, si aucune décision de la part de l'État des chilien n’est prise, la production de déchets laissée sur place, ne doublera pas seulement mais triplera.
En 2018, le Chili a cependant mis en place une loi permettant de contrôler l’afflux touristique et d’ainsi limiter l’impact provoqué par la surfréquentation. Cette loi implique la réduction d’une autorisation de séjour de 90 jours à seulement 30. Les arrivants devront alors remplir un formulaire et avoir un billet d’avion retour comme preuve de départ.
Bien que cette loi ait été considérée comme une victoire pour la communauté rapanui, le combat n’est pas terminé et les relations avec le Chili sont toujours aussi difficiles. L’arrivée du COVID-19 n’aura pas amélioré cet état.
CRISE SANITAIRE ET GESTION : UNE ÎLE À DEUX VITESSES
En mars dernier, l'Île de Pâques n’a pas échappé à l’épidémie mondiale de COVID-19, puisque le 24 mars, un premier cas a été détecté. Par la suite, le nombre de cas a augmenté passant de 5 personnes contaminées au 1er avril, à 17 personnes vingt jours plus tard.
Contrairement à ce qu’il s’est passé dans d’autres pays d’Amérique latine où les premiers cas détectés sont facilement « retraçables », ici il a été impossible de savoir comment la personne avait été contaminée. Cette dernière n’avait effectué de voyage récent ni en Europe, ni en Asie et n’a été en contact avec aucun touriste provenant de cette zone. Le ministre de la santé, Jaime Mañalich a déclaré : « Nous avons un cas positif (...) qu'il n'est pas possible de retracer, qui ne correspond pas à une personne récemment arrivée d'un autre endroit sur l'île de Pâques, mais qui est un cas d'origine locale ». Ainsi, le fait que l’on ne puisse pas lier un cas à une personne venue de l’étranger pose problème pour le recensement du nombre de cas contaminés par la suite. « Le fait qu'il s'agisse d'une personne locale, sans contact avec les visiteurs de l'île, suggère seulement que la maladie est peut-être plus répandue que nous ne le savons», a alors déclaré à BBC Mundo Pedro Edmunds, maire de l'île de Pâques.
L’éloignement de l’île n’a pas arrangé la situation puisqu’aucun laboratoire n’est présent sur l’île pour vérifier les tests effectués. Les tests sont donc envoyés directement sur le continent sachant qu’une seule liaison aérienne est en service chaque semaine.
Étant donné que les tests doivent être soumis à des laboratoires, directement sur le continent, les résultats sont transmis seulement deux à trois semaines plus tard. Une semaine après la détection du premier cas de COVID-19, plus de 30 échantillons de cas suspects devaient être testés mais n’ont pu être confirmés. Le véritable nombre de cas recensés est donc quasiment impossible à obtenir et à vérifier.
Ce manque de moyen concernant le recensement combiné à la non préoccupation de la part de l'État chilien, a généré de la peur chez la communauté rapanui, qui, déjà vers les années 1870, a connu une mortalité élevée liée aux nombreuses épidémies apportées par les européens. Les personnes âgées étant très importantes dans la culture rapanui, la peur se fait d’autant plus ressentir. De plus, le fait que l’île se situe dans un endroit difficile d’accès avec des conditions médicales limitées rend cette situation inquiétante.
En effet, sur ce territoire insulaire, on ne peut trouver qu’un seul hôpital - Hanga Roa - (qui doit fournir des services pour environ 8000 personnes), ne possédant que trois respirateurs artificiels. S’ajoute à cela le fait que le transfert de patients potentiels n’est pas possible vers le continent qui se trouve à plus de 5h d’avion, et l'île la plus proche - île Pitcairn - est à plus de 2000 kilomètres. « Si nous avions, ne serait-ce que 5 à 6 cas qui s’aggravent, la situation nous échapperait complètement » a déclaré Mundo Pedro Edmunds, maire de l’île.
Il en est de même au niveau de la gestion de situation sanitaire générale puisque aucun spécialiste en soins intensifs, ni épidémiologiste n’est présent sur le territoire pouvant assister les patients ayant des complications ou pour aider à concevoir une stratégie contre l’épidémie.
Le tourisme, un des secteurs économiques générant le plus de revenus sur l’île, s’est nettement stoppé à la suite à la fermeture des frontières du Chili en mars dernier. Les célèbres parcs, autrefois surfréquentés ont été désertés. On assiste alors à un arrêt brutal de l’activité touristique. Les premières personnes concernées sont celles n’étant pas originaires de l'île (pour rappel, on recense 40% de la population considérée comme native de l’île). Ces personnes travaillent généralement dans les services touristiques et possèdent beaucoup moins de ressources que les natifs de l'île qui, eux, se transmettent les terres de génération en génération.
La situation sanitaire a cependant permis à la communauté rapanui de retourner à ses valeurs en s’inspirant des mœurs ancestrales : le troc est réapparu, et certains habitants ont commencé à semer pour pouvoir assurer leur subsistance. L’île a également vu réapparaitre la tradition du « Tapu » - ancienne tradition d’autogestion de la culture polynésienne - comprenant un ensemble de règles et d’interdictions. Cette tradition fut autrefois l’un des principes les plus sacrés de la société Rapa Nui.
Cependant, le terrain n’étant pas adapté à l’agriculture, l’île ne peut être autosuffisante. Le maire considère même que « l’île ne peut subsister plus d’un mois totalement isolée » et envisageait, en mars, que la population - et particulièrement celles n’étant pas originaires de l’île - finirait par mendier de la nourriture aux autorités locales.
UNE DÉCISION GOUVERNEMENTALE INSULAIRE
Bien que l’île soit assez vulnérable à cette situation de crise sanitaire, les habitants considèrent que le gouvernement chilien n’a pas réagi assez rapidement afin de limiter la propagation sur le territoire isolé. La situation sur le continent n’a fait que confirmer la chose. En effet, le Chili, qui a détecté son premier cas le 3 mars, n’a fermé ses frontières que le 18 mars et sans pour autant mettre en place une quarantaine ou un confinement, ce qui a amené à une croissance exponentielle du virus.
Concernant le territoire insulaire, une fermeture des frontières et une mise en quarantaine ont été appliquées au 19 mars avec une suspension de tous les vols à destination de Rapa Nui. La mesure a alors bloqué 740 touristes sur place. Après 14 jours de quarantaine, la compagnie LATAM (seule compagnie assurant les vols entre le Chili et l’île), a tout de même accepté d’effectuer au moins deux vols par semaine afin d’évacuer les touristes bloqués. Une semaine après qu’un premier cas ait été détecté au Chili (18 mars), un autre fut recensé sur l'île. Un confinement et un couvre-feu ont alors été instaurés à partir du 6 avril. Au premier juillet, après vérification d’une période de 100 jours sans contagion sur le territoire, l’Île de Pâques est devenue la première commune du Chili où les cours en présentiel ont repris. Cependant, après quelques mois sans nouveaux cas, 4 nouveaux cas ont été confirmés sur l’île en septembre dernier.
UNE DÉCISION TARDIVE
L'éloignement, qui, autrefois permettait une sorte de protection autour de l'île, est, aujourd’hui devenu un véritable problème et se ressent encore plus dans une situation d’une telle ampleur. La crise sanitaire actuelle n’a fait qu’envenimer la situation entre l'État chilien et l'île, qui se sent délaissée et incomprise depuis le début. En mars dernier, cela faisait des semaines que ce territoire demandait à annuler les vols et de mettre l’île en quarantaine. Les habitants considèrent que les cas de contagions auraient pu être évités si des mesures gouvernementales avaient été prises bien plus tôt. La communauté rapanui aurait souhaité être prise davantage en considération en faisant admettre à l'État chilien que la situation de l’île n’est pas la même que sur le continent, et que les mesures prises doivent être spécifiques.
UN AVENIR INCERTAIN
Étant donné la crise sanitaire - et économique à venir -, l’avenir reste incertain pour bon nombre d’habitants. Puisque l’économie de l’île est en grande partie basée sur le tourisme, et que cette activité s’est brutalement arrêtée, la majorité de la population se trouve, soit à court d’argent, soit, pour ceux qui en ont, n’a rien à acheter car dépourvue d’importations depuis le continent - dû aux peu de vols effectués.
En plus de la peur actuelle concernant l’épidémie, la population se trouve angoissée à la fois concernant ses propres ressources et à la fois concernant son avenir incertain, avec l’espoir, qu’un jour, le tourisme redémarrera comme avant.
« Maintenant, nous sommes plus seuls que jamais… plus seuls que jamais au milieu de l’océan », Mundo Pedro Edmunds, maire de l’île.
Sitographie
- https://www.tntv.pf/tntvnews/monde/lile-de-paques-confinee-troc-et-retour-a-la-terre-pour-les-habitants/
- https://www.la-croix.com/Monde/Ameriques/LIle-Paques-demunie-face-coronavirus-2020-03-31-1201087031
- https://www.courrierinternational.com/article/chili-lile-de-paques-si-lointaine-sinquiete-de-ses-premiers-cas-de-covid-19
- https://www.universalis.fr/encyclopedie/ile-de-paques/
- https://www.animalpolitico.com/bbc/coronavirus-covid-19-isla-pascua-contagios/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Surfréquentation
- https://fedetur.cl/21603/otras_noticias_de_interes/cifras-del-turismo-en-el-2019/
- https://fedetur.cl/?s=isla+de+pascua
- https://www.hosteltur.com/lat/138674_isla-de-pascua-se-prepara-para-reabrir-con-200-turistas-semanales.html
Anouk Kerouanton
Étudiante en Master "Marchés émergents - Monde latinoaméricain" de l'Université d'Angers (ESTHUA)
COMMUNAUTÉS INDIGÈNES ET COVID-19 : PROBLÈMES CUMULÉS
Cet article s'inscrit dans le dossier thématique réalisé par les étudiants du Master "Marchés émergents - Monde latinoaméricain" de l'Université d'Angers (ESTHUA), sur les conséquences de la pandémie de COVID-19 au sein des destinations touristiques d'Amérique latine. Les contributions présentées portent plus particulièrement sur les enjeux de la situation sanitaire à Cancun au Mexique, mais aussi à Cuba, au Pérou, au Costa Rica et dans l'Ile de Pâques.
Comme la plupart des pays du monde, le Pérou a été fortement affecté par la crise sanitaire de la Covid-19. D’après les statistiques de l’université John Hopkins qui lui accordent presque 935 000 cas de contamination, dont plus de 35 000 morts, le pays se trouve actuellement au cinquième rang des pays d’Amérique Latine les plus impactés après le Brésil, l’Argentine, la Colombie et le Mexique. Des mesures, pourtant, ont été adoptées par le gouvernement péruvien, qui, dès le 16 mars, déclare le pays en état d’urgence et met en place un confinement strict qui s’étendra sur plus de trois mois et demi.
Alors que le Pérou est touché de plein fouet par la Covid-19, il rencontre également une nouvelle période d’instabilité politique depuis novembre. Le Parlement a en effet engagé une procédure de destitution du président Vizcarra pour une affaire de pots-de-vin au début du mois. Son successeur a ensuite essuyé une vague de protestations sociales avant de prononcer sa démission quelques jours plus tard. Finalement, après une semaine de chaos semée de protestations, un député du même parti que Vizcarra est élu (Francisco Sagasti) faute d’autres candidatures…
Le tourisme, qui emploie au Pérou 1,3 million de personnes, se voit aussi paralysé pour tenter d’endiguer la propagation du virus. Les effets de celui-ci sur le secteur sont dramatiques : près de 800 000 emplois seront affectés et le pays subira une perte d’environ 200 millions de dollars qui mettra en péril une multitude de petites et moyennes entreprises, qui représentent 92% de la toile entrepreneuriale touristique.
Cette fragilité politique, cumulée à l’ampleur de la crise sanitaire, laisse le pays dans un état catastrophique socialement, économiquement et sanitairement.
Les hôpitaux ont du mal à faire face à la simultanéité des crises : les conditions sanitaires étaient déjà précaires mais le sont d’autant plus qu’une épidémie de dengue est en cours depuis novembre 2019.
Malheureusement, c’est l’un des pays où les investissements dans le secteur de la santé sont les plus faibles, avec moins de 5% du PIB investi par an.
Les conditions salariales sont elles aussi très loin de nos normes françaises, et là-bas, confinement rime avec chômage (4 personnes sur 10 ont cessé de percevoir un revenu au Pérou). Cette précarité économique, alliée à la méfiance qu’inspirent les marchés, véritables foyers de contamination, conduit une grande partie de la population à la crise alimentaire.
Dépourvus de solutions, les péruviens urbains fuient la ville pour retrouver leurs villages natifs, desquels ils se font parfois refuser l’entrée par les populations locales par peur d’une propagation de l’épidémie au sein de leurs communautés.
D’ailleurs, qu’en est-il des populations indigènes du Pérou, les grandes oubliées des politiques gouvernementales ? Comment ont-elles vécu la crise et quels sont aujourd’hui les recours dont elles disposent ?
Peuples indigènes, peuples négligés
Le premier constat, qui peut sonner comme une vérité alarmante, est que si le coronavirus est nouveau pour tout le monde, il laisse dans son sillage un air de déjà-vu pour les communautés autochtones. Sur son passage, les discours sur la pandémie de Covid-19 montrent que la crise sanitaire peut contribuer à réactiver d’anciens traumatismes hérités de l’époque coloniale, certains témoignages évoquant la crainte d’un nouveau “ génocide” qui signerait - peut-être pour de bon - la fin de leur population.
Celles-ci sont d’autant plus vulnérables que la pandémie s’inscrit à la suite de nombreuses luttes sans issues auxquelles les populations sont confrontées depuis de longues années : la reconnaissance de leurs droits auprès du gouvernement, la déforestation qui détruit leur habitat… Autant de luttes que peu de reconnaissance. En effet, le gouvernement, dans les chiffres communiqués à propos de la Covid-19, ne prend pas en compte ces populations isolées. Face à l’absence des autorités publiques, ce sont des associations externes, comme l’AIDESEP (Asociación Interétnica de Desarrollo de la Selva Peruana) qui inventorient les victimes, - 3000 - un chiffre qui reste une estimation, vu la difficulté d’accès à ce type de données. Toutefois il semble que la maladie soit fortement létale pour les indigènes, qui sont déjà menacés par « les taux élevés de diabète, d'hypertension et d'autres maladies chroniques (...) ainsi que la malnutrition chronique des enfants des peuples indigènes, les taux élevés de mortalité maternelle, le paludisme et la dengue, (...)», comme le déplore le coordinateur des organisations indigènes du bassin de l'Amazone.
A cette situation de vulnérabilité immunologique s’ajoute le manque d’accès aux services de santé. Ces derniers sont, en effet, très peu en adéquation avec la situation. D’abord, les mesures sanitaires et de distanciation sociale - lorsqu’elles atteignent les communautés indigènes - n’ont presque pas de sens puisqu’elles ne prennent pas en compte la réalité du terrain : des communautés avec un accès rudimentaire à l’eau potable et aux hôpitaux, et dont les traditions sociales reposent généralement sur des valeurs de communauté et de proximité. Les communiqués informant des symptômes de la maladie, des gestes barrières et des recommandations, ont d’autant plus de mal à arriver auprès des autochtones qu’ils sont relayés par des moyens de diffusion loin d’être infaillibles. Les indigènes n’ont que très peu accès aux réseaux sociaux, à la télévision, à la radio, à la presse, etc, et lorsque les informations parviennent jusqu’à eux, elles sont encore confrontées à des problèmes de traduction de réalités exogènes à ces groupes sociaux. En outre, la plupart des installations médicales locales, lorsqu’elles existent, sont sous-équipées et manquent de personnel. Même lorsque les populations autochtones disposent d’un accès aux services de santé, ils peuvent être confrontés à la stigmatisation et à la discrimination, avoir du mal a exprimer leurs symptômes et à se faire comprendre à cause de la barrière de la langue ou du manque de connaissances du personnel soignant.
Bien que ces peuples soient autonomes sur leur mode de vie et leur alimentation, il n’est pas rare que certaines communautés, dans une perspective d’inclusion économique et sociale, aient incorporé une dynamique touristique communautaire dans leurs activités. Avant la crise, ce type de tourisme croissait de façon régulière, mais la Covid-19 a mis en évidence les failles dans le mode de gestion de celui-ci. En effet, les communautés s’étant engagées dans une telle démarche n’ont pas forcément reçu les formations nécessaires pour savoir comment créer, gérer, promouvoir une entreprise, et sont donc dépendantes de leur collaboration avec les agences de voyage qui envoyaient leurs clients. L'arrêt des activités des agences de voyage à cause de la crise a fait chuter le nouveau succès des séjours communautaires, laissant ainsi les populations autochtones sans revenus touristiques. Un large éventail de défis reste à surmonter pour relancer leur activité, notamment celui du digital, et d’un nouveau profil de touriste, certainement moins européen mais plutôt local, avec d’autres attentes et intérêts.
Ingérence de l’État péruvien concernant la situation des indigènes face à la Covid-19
Le gouvernement péruvien a pris des mesures dans le but d’endiguer la maladie, notamment en décrétant l’état d’urgence au niveau national le 16 mars dernier, qui a pris fin ce 30 novembre, mais aussi en instaurant un confinement, ainsi qu’un couvre-feu quelques jours plus tard. Cependant, toutes ces mesures sont davantage destinées aux péruviens vivant en milieu urbain, alors qu’en est-il des mesures prises pour protéger et sauver les très nombreuses populations autochtones qui parsèment l’Amazonie péruvienne, et dans quelle situation celles-ci se trouvent-elles ?
Les peuples indigènes péruviens, qui comptent plus de 6 millions d’individus, à savoir près de 19% de la population nationale, vivent essentiellement de l’économie informelle (comme 70% de la population péruvienne) et dépendent notamment du tourisme. Ce dernier représente 3,6% du PIB national, ce qui peut paraître assez faible par rapport à d’autres pays (en comparaison, la part du tourisme dans le PIB français est de 7%), mais il constitue tout de même une source de revenus importante pour de nombreuses communautés. Les populations indigènes sont donc impactées par l’arrêt du tourisme international. Le confinement les oblige à rester chez eux, à cesser leur activité et par conséquent, engendre une perte de revenus immense, alors qu’ils doivent déjà faire face à de nombreux problèmes (autres épidémies, déforestation ...). Tout cela laisse donc les populations indigènes dans une situation encore plus incertaine et précaire, d’autant plus que l’État n’a pas prévu d’aides financières dédiées aux peuples autochtones. En revanche, un plan de relance de l’économie de 26 milliards de dollars, adressé notamment au secteur hospitalier, aux petites entreprises et aux plus démunis, a été mis en place. De même, on peut citer la création du “Fond de soutien aux micros et petites entreprises du secteur du tourisme” à hauteur de 500 millions de dollars.
La situation critique des indigènes a poussé plusieurs associations à réagir afin de leur apporter de l’aide. Dès la mi-mars, l’Organisation des peuples autochtones de l’Est (ORPIO) a demandé un soutien de la part de la communauté internationale pour que les peuples indigènes puissent se rendre dans les centres de santé en cas de contamination. En effet, comme nous l’avons signalé précédemment, dans les communautés, les infrastructures sanitaires ne sont pas au point. D’ailleurs, l’Association interethnique pour le développement de la forêt péruvienne (Aidesep) a interpellé le gouvernement à ce propos, dans une lettre ouverte, principalement dirigée au Président de la République. Dans celle-ci, l’association réclame “un plan étatique d’urgence pour les peuples autochtones d’Amazonie péruvienne” en soulignant que “si les autorités ne viennent pas jusqu’à nous [les peuples autochtones], nous avons peu de chance d’obtenir des tests de dépistage ou encore des bons d’urgence destinés aux populations urbaines”.
L’ONU a également lancé une alerte sur la situation des peuples autochtones face à la pandémie de Covid-19 et a exhorté l’État à leur garantir l’accès aux soins, médicaments et aides sociales, mais également d’inclure ces populations dans la prise de décisions pour faire face à la maladie au sein de leurs communautés. De même, l’ONG Amnesty International a lancé une pétition pour demander à l’État péruvien de garantir les droits d’accès à la santé des communautés natives du pays. Cette pétition réclame tout d’abord d’assurer une réponse sanitaire intégrale et interculturelle aux services de santé, de manière efficace, avec des mécanismes de prévention et de prise en charge opportune, développée conjointement avec les autorités autochtones. Elle demande également de garantir le droit à l’alimentation des peuples autochtones, dans le cadre des actions visant à prévenir la propagation de la Covid-19.
La seule action notable du gouvernement péruvien envers les peuples indigènes du pays a été la décision de traduire les messages de prévention concernant la Covid-19 dans les différentes langues autochtones, afin que ces populations aient entre leurs mains toutes les informations nécessaires pour éviter un maximum de contagions (symptômes de la maladie, gestes barrières etc.). Cela n’a aucunement été suffisant pour de nombreux indigènes qui ont accusé le gouvernement de les avoir délaissé et ont même parlé de négligence à leur encontre. Ce sentiment d’abandon a provoqué des affrontements avec la police qui se sont soldés par la mort de trois indigènes et un total de dix-sept personnes blessées (indigènes et policiers). Suite à cette altercation, le gouvernement a promis des fonds pour lutter contre la Covid-19 en Amazonie. “Nous avons décidé de renforcer les soins primaires de santé face à la Covid-19, en particulier à Bretaña, mais plus généralement dans la région de Loreto”, a ainsi déclaré Alejandro Neyra, ministre de la Culture. Loreto est une région située au cœur de l’Amazonie péruvienne, touchée par de nombreux cas de contamination.
Isolées, menacées, abandonnées par le gouvernement péruvien, les populations indigènes n’ont toutefois pas baissé les bras face à la pandémie. Au contraire, celles-ci s’organisent, entre elles ou avec l’aide d’associations destinées à leur protection, pour trouver des recours par leurs propres moyens. Certaines communautés, par mesure de protection, s’auto-isolent, refusant catégoriquement l’entrée aux étrangers, tandis que d’autres cherchent un remède dans leurs traditions ancestrales, notamment avec l’aide de plantes médicinales. C’est dans ce contexte qu’est né le Comando matico, un groupe créé au mois de mai par de jeunes indigènes shipibo, pour venir en aide à des membres de leur famille atteints du coronavirus, et n’ayant pas accès aux soins. “L’idée était d’envoyer du matico, une plante médicinale qui pousse beaucoup par ici, à une des communautés shipibo, où 500 personnes avaient été testées positives au coronavirus. Les autorités se sont contentées de faire les tests, puis sont reparties. Donc, on s’est organisés pour récolter le matico et leur envoyer », raconte Gabriela, membre du Comando.”
Le matico est en effet connu pour ses propriétés antibiotiques et permet de désencombrer les bronches et ainsi éviter la détresse respiratoire. Même si cette initiative est tolérée par l’OMS, qui alerte néanmoins sur les risques de l’automédication, c’est un véritable succès auprès des communautés indigènes car il y a proposition d’une solution, là où l'État a échoué. «L’État a failli. (...) Les hôpitaux ont été débordés dès la première semaine. Les gens n’ont plus confiance, car ils les voient comme un endroit où l’on meurt. Nous leur offrons une alternative de vie. » dit Gabriela, membre de l’organisation.
Cette crise inédite conduit les institutions étatiques à penser différemment et à mettre en place de nouveaux moyens de développement et de consommation touristique afin de relancer le tourisme. Actuellement, la meilleure manière d’y parvenir consiste à dynamiser le tourisme intérieur, l’un des objectifs de l’État péruvien donc, via l’organisme PromPerú (Commission de Promotion du Pérou pour l’Exportation et le Tourisme). PromPerú cherche à élaborer des plans d’action pour réactiver le tourisme domestique après la crise, en attendant que les vols internationaux redémarrent. Il est également prévu de lancer une campagne pour renforcer la confiance des Péruviens dans l’offre touristique nationale et les inciter à voyager au sein de leur propre pays. Cette opportunité de renouveau réside particulièrement dans les entreprises de tourisme rural avec une offre qui peut être davantage adaptée aux nouveaux touristes. Dans le but de redonner confiance aux Péruviens et aux touristes internationaux, l’État péruvien affirme “l'intérêt de repenser le tourisme durable comme un pilier au-delà des labels, et de redécouvrir dans les entreprises de tourisme communautaire rural, de pair avec de nouvelles destinations, une alternative démasquée et originale, où la création de liens est le vrai fait touristique”.
Sterenn Barret-Marhic et Lisa Brissac
Étudiants en Master "Marchés émergents - Monde latinoaméricain" de l'Université d'Angers (ESTHUA)
Costa Rica : la destination phare de l’écotourisme à l’épreuve de la pandémie de Covid-19
Cet article s'inscrit dans le dossier thématique réalisé par les étudiants du Master "Marchés émergents - Monde latinoaméricain" de l'Université d'Angers (ESTHUA), sur les conséquences de la pandémie de COVID-19 au sein des destinations touristiques d'Amérique latine. Les contributions présentées portent plus particulièrement sur les enjeux de la situation sanitaire à Cancun au Mexique, mais aussi à Cuba, au Pérou, au Costa Rica et dans l'Ile de Pâques.
Le Costa Rica est aujourd’hui la principale destination touristique d’Amérique Centrale. Caractérisé par sa situation politique stable, le pays bénéficie également d’une exceptionnelle biodiversité faunistique et floristique, abritant à lui seul plus de 6% de la biodiversité mondiale.
Ces différentes spécificités font du Costa Rica une destination touristique incontournable en Amérique Centrale, accueillant plus de trois millions de touristes internationaux en 2018. Le pays fait par ailleurs figure de référence mondiale en matière d’écotourisme avec ses 27 parcs nationaux et nombreuses réserves naturelles occupant près de 25% de la superficie de son territoire. Comme le montre Linda Boukhris (2012), “L’identité touristique du Costa Rica repose en effet sur son image de paradis écologique, caractérisée par l’extrême richesse de sa biodiversité. Cette richesse, sans cesse louée par les visiteurs de cette région, est avérée”.
Cependant, au vu du contexte actuel lié à la pandémie mondiale de la covid 19, ces attraits touristiques n’aideront pas le pays à faire face à la crise. Il pourrait être pertinent de s’interroger sur les conséquences de cette pandémie sur l’économie costaricienne, et plus précisément sur le tourisme, moteur essentiel de son activité : Quelles en sont les conséquences pour les communautés locales qui dépendent fortement de l’écotourisme mais également quelles peuvent-être les perspectives d’évolution de la situation pour les mois à venir ?
Le Costa Rica, un bon élève dans sa gestion face à la crise ?
Au mois de juin 2020, de nombreux médias faisaient l’éloge du Costa Rica pour sa gestion face à la crise sanitaire. Il était alors considéré comme un bon élève grâce aux mesures mises en place par ses autorités et les résultats obtenus à la suite du confinement. En effet, le pays comptait peu de cas de contamination et un taux de mortalité très faible entre mars et juillet. Le bon système de santé de ce pays, des mesures strictes et une prise en charge rapide des cas ont probablement permis de contenir la propagation du virus.
Le premier cas du pays a été détecté le 6 mars, il s’agissait d’une touriste américaine, arrivée au Costa Rica le 1er mars. Celle-ci a commencé à présenter des symptômes bien avant d’être testée positive au virus et a été placée en isolation à San José avec son époux par la suite. Il s’agirait d’ailleurs du premier cas de coronavirus détecté dans toute l’Amérique Centrale.
Différentes mesures ont rapidement été prises pour limiter les risques d’infections et de propagation du virus. En effet, dès le 18 mars, les frontières ont été fermées aux étrangers tout comme les parcs nationaux, les plages et autres lieux touristiques. La population a été invitée à rester confinée chez elle (QuedateEnCasa), et les entreprises à privilégier le télétravail. De plus, les événements grand public ont été annulés et de nombreux établissements ont dû fermer comme les écoles, restaurants et autres lieux de divertissements. La circulation des véhicules a également été réglementée.
Le dimanche 14 juin, le pays comptait 1715 cas positifs de Covid-19 avec 53 nouveaux cas en une journée. En une semaine, le Costa Rica a détecté 397 nouveaux cas, soit le plus haut pic depuis le début de l’épidémie. Le ministre de la santé, Daniel Salas, a mis en avant que la majorité de ces cas détectés dans le pays (951) ont été recensés dans la zone nord du pays, principalement à San José. Le pays est donc touché par une deuxième vague épidémique alors qu’il est en pleine relance de son activité économique depuis début juin. En effet, les musées, cafétérias, gymnases, hôtels et parcs nationaux rouvrent petit à petit avec une capacité de 50%. Pour limiter le risque de propagation, le gouvernement a donc renforcé les mesures restrictives dans les cantons nord du pays.
Les impacts de la covid-19 sur l’économie costaricienne : Focus sur le tourisme
75% de l’activité économique du pays repose sur le secteur des services. L’industrie quant à elle représente 20% de son activité. Enfin l’agriculture, elle, ne représente que 5% du PIB costaricien, en se focalisant notamment sur la production bananière, d’ananas et de café. Le tourisme, étant un des principaux piliers économiques du pays (6.4 % du PIB en 2016), a été touché de plein fouet par la crise sanitaire. Dès la mi-mars, les frontières du pays ont été fermées, les vols internationaux ont été annulés les uns après les autres, empêchant toutes arrivées de touristes internationaux.
Pour ce leader du tourisme en Amérique Centrale, les pertes sont colossales, C’est une véritable saison blanche (Temporada 0) alors même que le secteur rapportait 2,712 millions de dollars par an selon la Banque Centrale du Costa Rica. Le pays affichait des records depuis quelques années, avec un nombre de touristes en constante augmentation (plus 43,6% entre 2010 et 2018). En effet, selon l’OMT ce ne sont pas moins de 3,017 millions de touristes internationaux qui ont visité le pays en 2018, une hausse de 1,9% par rapport à l’année antérieure. Cette industrie embauche plus de 200 000 individus et est habituellement une des plus fructueuse de l’économie costaricienne. De nombreux travailleurs se retrouvent alors dans des situations complexes, voyant leurs revenus sérieusement affectés, à cause de la perte d’un emploi, de la suspension de leur contrat de travail ou la réduction de leurs heures de travail. La difficulté d’accéder aux crédits bancaires est aussi un réel problème.
Cette pandémie peut toutefois être source de nouvelles opportunités pour certains, une occasion pour les entreprises de se réinventer et de créer de nouvelles offres.
Ecotourisme & communautés locales
L'écotourisme est un des marchés sur lequel s’est positionné le Costa Rica, qui en est aujourd’hui la référence mondiale. Cette forme de tourisme vise aussi à contribuer à l’amélioration de la qualité des conditions de vie des communautés. La protection de l'environnement étant au cœur des préoccupations de nombreux individus à travers le monde, l’écotourisme a le vent en poupe, c’est un véritable phénomène sociétal.
En effet, les touristes d’aujourd’hui souhaitent davantage découvrir la culture des locaux, voir où ils vivent, échanger avec eux et non plus seulement découvrir les paysages et rester dans leurs hôtels all inclusive. Ils veulent être acteurs de leur voyage, repartir avec une expérience authentique. L’offre du Costa Rica permet donc le développement de tous types de tourisme, et même si le pays promeut une destination verte et écologique, c’est tout de même le tourisme de masse (Sol y Playa) qui y reste dominant.
Selon un rapport officiel de 2019, réalisé par l’ICT, le pays compterait plus de 3 700 hébergements touristiques pour un total d'environ 57 000 chambres. Une offre relativement bien développée pour un pays comme le Costa Rica.Toutefois ce chiffre serait en réalité plus élevé puisque tous les hébergements ne sont pas référencés auprès des autorités, et ne disposent pas tous d’une licence officielle avec immatriculation officielle. Les hébergements écotouristiques - ayant obtenus le label de certification CST (Certificación para la Sostenibilidad Turística) - représenteraient à eux seuls, 25% de l’offre hôtelière totale en prenant en compte le nombre de chambres.
Certains voyageurs vont se rapprocher de projets communautaires, où les visites sont limitées à un nombre restreint de visiteurs. Les membres des communautés locales vont donc pouvoir partager leur culture, leurs valeurs aux touristes, mais aussi leur expliquer comment ils protègent leur environnement. Il faut malgré tout prendre en compte que malheureusement, de nombreux projets écotouristiques ne sont pas gérés par les locaux mais par des organismes étrangers, souvent américains. Les locaux ne sont pas toujours pleinement intégrés aux projets et ne retirent donc pas tous les bénéfices de la démarche.
Paulino Najero, fier chef d’une communauté indigène Terraba, a exprimé son avis sur le Tourisme Rural et le Tourisme Rural Communautaire au Costa Rica lors d’une conférence réalisée par l’ONG Alba Sud le 14 Août 2020. Selon lui cette forme de tourisme a évolué, dès les années 2000 l’activité s’est développée dans sa communauté. Toutefois, il trouvait initialement que ce processus touristique mettait en avant l’indigène comme un “vulgaire objet”, les touristes prenaient des photos avec eux, mais il n’y avait pas spécialement d’échange et de réel contact avec les étrangers. Le tourisme proposé aux visiteurs par sa communauté se veut éducatif, en leur faisant découvrir les traditions locales, mais aussi la culture de la terre, les plantes utilisées et les manières de protéger l’environnement. Cette communauté a pour but de renforcer son système agroforestier, elle produit elle-même sa nourriture, ainsi que ses propres ressources en maïs ou cacao par exemple.
Pour Paulino et sa communauté, la pandémie n'affecte pas particulièrement leur vie quotidienne mis à part la non venue des touristes. Il a d’ailleurs la chance de vivre dans sa communauté, en pleine nature, avec de grands espaces et non enfermé entre quatre murs de béton comme les habitants de San José. Même si aucun touriste n'a été accueilli depuis déjà plusieurs mois, la vie a continué son cours, la terre qu’il cultive est bien là. La faune et la flore ont pu profiter d’une longue période de tranquillité. Selon lui, la pandémie et le confinement qui a été imposé au printemps n’a donc pas eu que des mauvais côtés, c’est la terre entière dans toute son ampleur qui a pu se reposer : l’activité humaine a ralenti, les émissions de gaz à effets de serre ont grandement baissé.
Cela montre bien la résilience des communautés locales face à la crise sanitaire et économique. De plus, l’argent n’est clairement pas la préoccupation principale pour ces communautés. Paulino le voit comme un moyen et une ressource, mais il estime qu’il y a beaucoup plus important dans la vie. Il a d’ailleurs envie de relancer la pratique du troc au marché local. Le mode de vie des communautés est centré sur la production locale, l’échange et les relations sociales. Par conséquent, les communautés rurales fonctionnent en dehors du modèle économique capitaliste, hérité de la relation historique du Costa Rica avec les Etats-Unis, son principal partenaire commercial. Elles affrontent donc la crise sanitaire différemment que le reste du pays. Les sociétés indigènes préfèrent promouvoir un tourisme rural, à petite échelle, où partage et convivialité seront de mise et non rentabilité et profit. Le modèle communautaire, appuyé par de nombreuses associations, est donc certainement plus résilient que le modèle étatique capitaliste, qui devrait diversifier son économie et ses sources de revenus pour éviter de se retrouver dans une impasse, si une nouvelle crise majeure venait à apparaître. Toutefois, sans tourisme, que serait le Costa Rica ?
Une nouvelle tendance touristique pourrait cependant prendre davantage d’ampleur au Costa Rica : le “Slow Tourism”. Cette pratique consiste à vivre au rythme de la culture locale, à prendre son temps et profiter de la destination pour la connaître au mieux, tout comme ses habitants. Les séjours effectués par le voyageur favorisant ce type de tourisme restent généralement pour une durée assez longue dans une même destination. Les valeurs du “slow tourism” sont d’ailleurs assez proches de celles du Costa Rica qui se veut soucieux de son environnement, de son impact écologique et de la protection de sa culture locale.
Une reprise officielle de l'activité touristique en pleine période d’incertitudes.
Nul ne sait comment évoluera la situation au Costa Rica, tout comme dans le reste du monde. Cependant, dès le premier novembre, le pays a rouvert ses frontières aux touristes internationaux. Cela marque donc la relance de l’activité touristique dont dépend fortement l’économie du pays. Les touristes n’ont dorénavant plus obligation de montrer un test PCR négatif, la quarantaine n’est également pas maintenue. Les seules prérogatives exigées par l’État sont de remplir un formulaire épidémiologique numérique appelé “Pasaporte de Salud” et la souscription à une assurance médicale de voyage qui inclut la Covid-19. Il faut tout de même prendre en compte que le nombre de personnes contaminées a fortement augmenté. Selon le centre de recherches John Hopkins, le pays recensait un total de 8 482 cas confirmés, pour 37 décès le 15 juillet dernier. En septembre, le pays a enregistré un nombre de contaminations par jour record, en atteignant 1556 nouveaux cas le 18 septembre. Au 6 décembre 2020, le pays comptait un total de 143 685 cas pour 1 773 décès. A titre de comparaison, le Panama affichait 175 907 cas pour plus de 3150 décès.
Cette période est marquée par de nombreuses incertitudes. La reprise totale de l’activité dépendra sûrement de la mise en place d’un programme mondial de vaccination. Le Costa Rica pourra alors espérer le retour de ses principaux marchés émetteurs, à savoir l’Amérique du Nord (1 666 571 des arrivés en 2018), l’Amérique Centrale (698 601 arrivées) et l’Europe (500 602 arrivées).
En attendant, le pays devra miser sur le tourisme national, qui pourrait davantage se développer en rendant plus accessibles certains services touristiques, en réduisant les coûts ou en offrant des tarifs préférentiels aux costariciens. Selon des chiffres de 2014, l’ICT estime que plus d’un million et demi de costariciens ont passé au moins une nuitée en dehors de leur environnement habituel, cette même année. L’institut a également lancé un nouveau plan de communication, avec comme slogan “Conocé tu país” et travaille sur l’actualisation de son portail Vamos a Turistear.
Manon MAILLERIE & Isaora GRONDIN
Étudiantes en Master "Marchés émergents - Monde latinoaméricain" de l'Université d'Angers (ESTHUA)
Cancun : le cinquantième anniversaire du centre touristique à l’heure de la pandémie de COVID-19
Cet article s'inscrit dans le dossier thématique réalisé par les étudiants du Master "Marchés émergents - Monde latinoaméricain" de l'Université d'Angers (ESTHUA), sur les conséquences de la pandémie de COVID-19 au sein des destinations touristiques d'Amérique latine. Les contributions présentées portent plus particulièrement sur les enjeux de la situation sanitaire à Cancun au Mexique, mais aussi à Cuba, au Pérou, au Costa Rica et dans l'Ile de Pâques.
Cancun, destination internationale aux plages idylliques de sable fin, à l’eau turquoise et cristalline et à la température moyenne de 26°C est une station balnéaire mexicaine jouissant d’une position idéale face à la mer des Caraïbes. Ce paysage de carte postale qui bénéficie d’une affluence croissante au fil des années possède cependant de nombreuses ombres au tableau. En réalité, les faits sont bien moins reluisants qu’il n’y paraît : grands complexes hôteliers à perte de vue, surfréquentation, érosion massive sans oublier les dégradations environnementales majeures causées par la surconsommation des ressources naturelles.
À l’heure de l’émergence d’une pandémie mondiale, la principale station balnéaire du Mexique a fêté d’une bien triste manière ses 50 ans d’existence. En effet, au lieu de célébrer cet évènement en grandes pompes et aux yeux du monde entier, c’est la COVID qui s’est invitée à l’anniversaire de ce méga projet touristique. Habituée à des taux d’occupation hôtelière exorbitants de 85% annuel autant qu’à des plages bondées, Cancun était en avril dernier totalement méconnaissable, il n’y avait pas âme qui vive en bord de mer.
UNE VILLE DÉJÀ EN PROIE À DE NOMBREUX DÉFIS
Créée ex nihilo par le gouvernement mexicain et des investisseurs étrangers au début des années 1970, la ville est devenue en quelques décennies seulement le moteur économique de la péninsule du Yucatan, attirant dans son sillage des milliers de migrants venus de part et d’autre du pays en quête d’une vie meilleure. Cependant, leur rêve n’est que peu souvent à la hauteur de leurs attentes. Rêvant d’un emploi bien rémunéré, c’est en réalité un travail peu valorisant et aux revenus limités qui s’est présenté à eux. Travaillant dans de grands complexes hôteliers longeant la côte mais vivant souvent dans des quartiers peu attrayants et isolés, le paradoxe est total. Les migrants sont les petites mains essentielles au fonctionnement de cette industrie faramineuse engrangeant des millions de dollars de recettes mais dont ils ne verront jamais la couleur. En 2018, alors que les retombées du secteur touristique dans la région du Quintana Roo, où se trouve Cancun, s’élevaient à 14,842 millions de dollars selon les chiffres du Secrétariat du tourisme, 41,9% de la population mexicaine vivait, elle, sous le seuil de pauvreté (donnée de la Banque Mondiale). D’autres réussissent à vivre correctement du tourisme à condition de ne pas souffrir des stigmates de la société. L’inégalité de classe est toujours un fléau au Mexique, les populations indigènes mayas présentes dans la région sont une minorité invisible dans diverses villes touristiques de la région. Victimes de discriminations, de nombreuses familles ont vu disparaître leurs terres ancestrales au profit de grands projets touristiques dans lesquels elles ne sont que très rarement impliquées. Une dépossession qui ne fait qu'accroître les inégalités auxquelles elles font face, notamment dans le domaine professionnel, où elles occupent des postes de l’ombre souvent peu qualifiés.
Face à l'afflux conséquent de migrants, les autorités n’ont pu assurer une organisation adéquate du territoire. Certains quartiers ont pu être planifiés et ordonnés pour accueillir ces nouveaux arrivants, souvent employés du secteur hôtelier, tandis que d’autres se sont construits souvent dans l’urgence et par les travailleurs eux-mêmes. Ainsi, les problèmes d’eau ou encore d'électricité sont très courants car l’accès aux services publics y est relativement limité. L’ensemble de ces dysfonctionnements conduit donc à l’accroissement du mal-être et de l’insécurité au sein de ces quelques quartiers illégaux, où s’entassent des milliers de travailleurs. Cette violence commence petit à petit à gangrener la société, mettant en danger l’image paisible et paradisiaque de la destination. En effet, les luttes de cartels, vols et autres règlements de compte font souvent la une des journaux.
Bien que Cancun offre un cadre exceptionnel pour s’y détendre, cette destination n’est pas épargnée par les phénomènes climatiques et naturels qui viennent l’affecter. Les belles plages se voient désormais menacées par l’érosion grandissante. En effet, la construction massive a fragilisé l’écosystème côtier conduisant à une disparition progressive des étendues de sable fin. Qu’en sera-t-il lorsque l’une des uniques sources d’attraction de Cancun aura totalement disparue ? N’est-il pas temps d’envisager un autre modèle que celui du sol y playa pour réduire la pression exercée sur le lieu ? Ces questions sont d’autant plus actuelles depuis l’arrivée massive des sargasses. En plus de l’aspect visuel peu attrayant, ces algues brunes s’échouant sur les plages laissent échapper des gaz nocifs et des odeurs nauséabondes lors de leur décomposition. Ce phénomène qui se répète fréquemment depuis 2015 n’est pas un cas à part et ne semble pas prêt à se dissiper dans les années à venir. Ce fait naturel paraît difficile à endiguer, d’autant plus que la quantité de ces algues ne cesse de croître, et même les mesures mises en place par les autorités semblent inefficaces. Les barrières anti-algues ainsi que le nettoyage quotidien des plages sont à ce jour l’unique solution des pouvoirs publics afin de préserver la beauté de l’environnement.
Autre phénomène de taille : les événements climatiques font partie de la vie quotidienne de la région entre mai et novembre. Des tempêtes tropicales aux menaces d’ouragans, le territoire est particulièrement vulnérable aux aléas météorologiques. Cancun a déjà essuyé deux violents ouragans depuis sa création : Gilbert en 1988, Wilma en 2005 et n’est pas exempte de nouvelles menaces comme l’ouragan Delta, qui, en octobre dernier, a touché une nouvelle fois les côtes de la Riviera Maya. Wilma, ouragan de catégorie 5 a déjà été l’un de ces scénarios catastrophes ayant engendré des dégâts pour plus de 920 millions de de dollars, causés par des vents allant jusqu’à 280km/h.
UNE ECONOMIE “100% TOURISME” DÉVASTÉE PAR LA COVID
Déjà dans une situation économique et sociale complexe, la COVID est venue mettre un coup d'arrêt au principal pilier économique de la zone. En effet, l’état du Quintana Roo enregistre à lui seul près de 18% des licenciements totaux du pays suite à la pandémie entre février et avril 2020, cela correspond à près de 63 847 licenciements dans le Quintana Roo (chiffres du Secrétariat du Travail). La pandémie aura eu raison de 3 entreprises sur 10 à Cancun, toutes les organisations, qu’importe leur secteur d’activité, ont été affectées de plein fouet. Ce sont d’ailleurs les grands groupes hôteliers, principaux employeurs de la zone, qui ont été à l’origine des principales vagues de licenciements.
La dépendance de l'État du Quintana Roo envers le tourisme a donc ses limites. Face à la propagation du virus à l’échelle mondiale, le secteur aérien s’est effondré laissant l’aéroport de Cancun semblable à une zone fantôme. Contraints de s’adapter à cette chute drastique du nombre de voyageurs, trois des quatre terminaux de l’aéroport ont fermé leurs portes durant plusieurs mois.
Les hôtels n’ont eu d’autre choix que de suivre le même schéma. Enregistrant un taux d’occupation de 3% passé la mi-mars (contre 80% avant le début de la crise sanitaire) et essayant de limiter les pertes financières liées aux coûts de fonctionnement, leur unique option a été de fermer durant cet épisode inédit, laissant des milliers de travailleurs sans emploi. Parmi eux, près de 20% estimaient qu’en cas de licenciement et donc, sans revenu, leurs économies ne leur permettraient pas de tenir plus de 2 semaines avant de se retrouver sans aucune ressource pour vivre. Ainsi, les entreprises touristiques n’ont fait que participer davantage à l’effondrement social en cette période déjà difficile. Oubliez les aides gouvernementales en soutien aux plus démunis, la protection sociale étant totalement inexistante au Mexique, laissant les travailleurs livrés à eux-mêmes au moindre coup dur. Sans beaucoup d’épargne disponible, nombre d'entre eux vivent au jour le jour sans être capable de s'assurer une stabilité pour une plus longue période. La COVID a donc participé à la détérioration des conditions de vie d’une grande partie de la population.
UN MODÈLE DANS LA TOURMENTE
La stratégie des débuts, miser sur les arrivées internationales se révèle en cette période particulièrement risquée. Les marchés étrangers ne sont pas toujours le meilleur cheval de bataille. En effet, les européens et américains, clientèles les plus convoitées de la zone, ont été également touchées par le virus laissant leur désir de voyage en suspens et les hôtels dans l’incertitude. Selon les données de l’étude “Quintana Roo : ¿Como Vamos en turismo?” menée par le secrétariat du tourisme, on peut noter que les arrivées internationales par voie aérienne ont chuté de près de 60% sur la période janvier-août 2020 en comparaison à cette même période en 2019.
À ce titre, on note d’ailleurs une étrange tranquillité à la mi-mars, période habituellement connue pour le “Spring Break” et ses excès (drogue, alcool, violence…). Les milliers d’étudiants Nord-Américains venant se défouler sans retenue dans les lieux les plus festifs de la ville, qui leur ouvrent habituellement les bras, sont bien notés aux abonnés absents. Il est encore loin le temps où la vie nocturne battra de nouveau son plein.
Autre moment crucial de la saison touristique : la semaine Sainte qui se tient au début du mois d’avril voit normalement arriver avec elle quelques millions de nationaux venus profiter de leurs rares congés sur le sol mexicain. Toutefois, cette année la semaine Sainte a rimé avec confinement, certains états déjà dans une situation critique ont imposé des restrictions de circulation afin de freiner la propagation du virus. La semaine Sainte, un des seuls espoirs des lieux touristiques pour s’assurer un minimum de trésorerie cette année n’a pas été à la hauteur des espérances. A la suite de cet épisode, le secteur touristique envisageait déjà des lendemains particulièrement difficiles.
UNE RÉCUPÉRATION INCERTAINE
Une fois le pic de la crise passé, il a fallu se battre à coups de campagnes promotionnelles et autres rabais afin d’espérer tenir debout et attirer de nouveau cette clientèle étrangère tant désirée. Les hôtels les plus luxueux de Cancun n’auront pas eu raison de la crise et même les offres les plus alléchantes ne séduisent pas les foules et ne suffisent pas à redonner l’envie et la confiance de voyager à nouveau.
Les autorités publiques tentent tant bien que mal de rassurer les possibles visiteurs mais malgré la mise en place du certificat “Safe Travel” (accordé aux établissements selon un protocole sanitaire strict), les touristes restent frileux à l’idée de se rendre au Mexique, un des pays les plus endeuillés au monde avec plus de 95 000 morts (au 10 novembre selon les chiffres communiqués par le secrétariat de la Santé). Quand bien même certains hôtels ont rouvert, les voyageurs ne se sont pas pour autant rués sur les offres.
Bien que depuis le mois d’août l’activité touristique ait été progressivement relancée, notamment grâce à la reprise des liaisons aériennes directes entre Cancun et l’Europe ou en direction des États-Unis (au 1er octobre 2020 sur 121 arrivées enregistrées, 55 d’entre elles étaient des vols internationaux ), il est toutefois impossible de réaliser des prévisions à long terme au sujet de la récupération. Effectivement, l’évolution de l’épidémie en Amérique Latine est en décalage avec l’Europe, les chiffres au Mexique étant toujours préoccupants en novembre. Sur la période du 10 octobre au 10 novembre 2020, le nombre de décès a d’ailleurs augmenté de près de 15% (sur la base des chiffres du Secrétariat de la Santé) . Neuf mois après le début de la crise, la première vague ne semble pas encore totalement achevée et il est probable que le pays connaisse dans les semaines ou mois à venir un scénario semblable à celui qui s’est produit en novembre en Europe avec l’arrivée d’une seconde vague. Les démarches de certification et de protection sanitaire ainsi que les mesures peu contraignantes d’entrée sur le territoire ; aucun test Covid préalable, ni quarantaine à l’arrivée, sont des arguments qui peuvent aider à relancer le tourisme international. Cependant de nombreux organismes tels que la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPAL) pensent que l’une des pistes de sortie de crise se trouve dans le tourisme national, beaucoup moins vulnérable. Une stratégie suivie par le secrétariat du tourisme qui réalise dès lors des campagnes de promotion à destination des nationaux.
La COVID a sonné comme un coup d’arrêt inédit pour l’activité de cette méga station touristique déjà empreinte de nombreuses difficultés. La destination est aujourd’hui de plus en plus vulnérable, ce qui pousse à se questionner sur sa capacité d’adaptation face à de futures crises qu'elles soient économiques, sanitaires ou bien environnementales. L’avenir de Cancun reste donc incertain.
La volonté de changer les choses et de bouleverser les acquis dépend avant toute chose de la prise de conscience des pouvoirs publics et des acteurs privés.
Seul le temps sera capable de nous dire si les actions portées par les autorités locales et les entreprises touristiques permettront à Cancun de récupérer en 2021 un taux d'occupation proche de celui des années antérieures.
Sources :
- https://zoomplaya.com/fr/high-annual-occupancy-rates-in-riviera-maya/
- https://www.tourmag.com/Wilma-born-to-Kill-_a9745.html
- https://expansion.mx/nacional/2016/08/08/los-5-huracanes-mas-devastadores-que-han-tocado-mexico-en-los-ultimos-anos
- https://www.infobae.com/america/mexico/2020/07/23/el-impacto-del-covid-19-a-quintana-roo-las-perdidas-del-sector-turistico-ascienden-a-usd-3500-millones/
- https://www.razon.com.mx/estados/quintana-roo-perdida-de-empleos-por-covid-19/
- https://lucesdelsiglo.com/2020/07/06/triste-adios-cerraran-3-de-cada-10-negocios-local/
- https://www.clarin.com/viajes/coronavirus-mexico-cancun-vuelve-recibir-vuelos-europa_0_b-3V5QNf8.html
- https://donnees.banquemondiale.org/indicator/SI.POV.NAHC?locations=MX
- http://www.albasud.org/noticia/es/1218/el-covid-19-en-canc-n-epidemia-y-vulnerabilidad-en-un-destino-tur-stico-de-clase-mundial
- https://cptq.mx/inteligencia/indicadores-sedetur/
- https://sipse.com/novedades/luchamos-por-derecho-existir-mayas-cancun-playa-del-carmen-tulum-dia-internacional-pueblos-indigenas-374521.html
- https://www.eleconomista.com.mx/politica/Numero-de-casos-de-Covid-19-en-Mexico-al-10-de-noviembre-de-2020-20201110-0108.html
- https://repositorio.cepal.org/bitstream/handle/11362/45770/1/S2000441_es.pdf
- http://sedeturqroo.gob.mx/ARCHIVOS/COMO-VAMOS-202008.pdf
- https://sedeturqroo.gob.mx/ARCHIVOS/indicadores/IndicadoresTuristicos2010.pdf
- https://sedeturqroo.gob.mx/ARCHIVOS/indicadores/Indicador-Tur-Jul-2019.pdf
Lucie Gilles, Océane Bertron et Wilmer Limachi Carvajal
Étudiants en Master "Marchés émergents - Monde latinoaméricain" de l'Université d'Angers (ESTHUA)
Guide Djibouti trekking - Rencontres nomades
Ce livre a pour objectif de promouvoir les ressources intérieures de Djibouti, les cultures nomades Afar et Issa, et ce par le biais de la randonnée. Le but ici n'est pas de remplir les gros hôtels, mais bien d'aller à la rencontre des habitants, de découvrir une autre culture. Les contacts pour les touristes dans le livre sont donc des opérateurs locaux, des habitants, et des associations.
Page Facebook du livre : https://www.facebook.com/Djiboutitrekking
Blog de voyage avec infos sur le livre : http://francois-djibouti.blogspot.fr/
Article du site I-trekking à propos du livre : http://www.i-trekkings.net/news/index.php?val=2715_[livre]+djibouti+trekking+-+rencontres+nomades
Lire les 1ères pages du livre : http://fr.calameo.com/read/0038499818732eb5ae7ac
Opération “Unis pour un tourisme alternatif”
EchoWay parraine l'opération “Unis pour un tourisme alternatif” lancée par Voyageurs du Net en mars et avril : cliquer ici pour plus d'information.
Cette campagne invite la blogosphère à s'unir pour défendre le tourisme alternatif, à s'interroger sur le sujet et inviter les lecteurs à participer au débat, et à montrer comment il est possible de voyager autrement, de façon inventive, curieuse et responsable.
A travers cette opération de communication, VdN souhaite inviter à une réflexion individuelle, voire collective, sur la notion de tourisme alternatif.
L’objectif est d’inviter massivement blogueurs et lecteurs à s’interroger sur la pratique du voyage, sur la possibilité de voyager autrement, plus responsablement et parfois même moins cher. Nous invitons tous les blogs et les sites souhaitant se joindre à cette action à contacter VdN :
cliquer ici
"Natural Guide Pérou" par EchoWay est sorti chez Viatao!
L’association EchoWay a co-écrit avec l'ONG enfants des Andes et Christelle Bittner le Natural Guide Pérou. Ce guide pour voyager autrement, à la découverte de la natiure et des peuples, vient de paraitre aux éditions Viatao.
Le guide est le fruit d’une collaboration avec deux associations de référence en matière de tourisme communautaire :
- EchoWay informe depuis dix ans les voyageurs sur les lieux d’accueil du tourisme équitable, solidaire et écologique.
- Enfants des Andes oeuvre depuis vingt ans au Pérou dans le domaine de l’accompagnement d’enfants en situation difficile.
Les associations EchoWay et Enfants des Andes se sont chargées de l’identification, de la sélection et de l’évaluation d'une centaine de projets de tourisme communautaire.
Pour soutenir EchoWay, merci d'acheter le Natural Guide Pérou directement sur notre site Internet en cliquer ici
Documentaire-fiction “Saisons et rencontres sur la rivière Lemene”
“Stagioni e Salotti sul Lemene” de Murielle Drouille-Scarpa
“Saisons et rencontres sur la rivière Lemene”
Le Documentaire-fiction “Stagioni e Salotti sul Lemene” représente un guide écotouristique et culturel originale pour découvrir l’arriére pays authentique de Venise, un lieu encore preservé du tourisme de masse.
Le documentaire écrit et réalisé par Murielle Drouille Scarpa et produit par l’association WWF Venezia orientale a été projeté à l’occasion du festival international du cinéma de Venise et de Rome. Le documentaire a remporté le premier prix du festival du film de l’identitè en Italie. Un festival itinérant qui se déroule entre Rome, Parme et Berceto.
Le territoire musical “portogruarese” qui est mis en scène est situé dans le département de la Vénétie orientale sur la route qui conduit vers Trieste et l’Europe de l’Est. C’est un itinéraire obligatoire pour tous les voyageurs qui se rendent en Croatie ou dans les pays de l’Europe du Nord.
Le documentaire en version Dvd (coffret en langue italienne) sera disponible en décembre 2011.
link webtv : www.youtube.com/watch?v=ZXDFIDWZfKI
Trame de “Stagioni e salotti sul Lemene” :
Le documentaire voyage en barque, c’est un voyage romantique et lent qui se déroule durant les quatre saisons sur la gracieuse riviére “Lemene”.
Jusqu’à la décadence de la république de Venise, la riviére était une voie de navigation commerciale qui permettait de trasporter le fer qui provenait des miniéres de l’Allemagne du nord et qui était destiné à Venise et à l’Arsenal pour la construction des bateaux.
La barque part de la lagune de Caorle (Vénétie) où séjourna l’écrivain américain Ernest Hemingway et remonte lentement la rivière Lemene en passant par le centre historique de Portogruaro décrit par l’écrivain Ippolito Nievo dans son roman “le confessioni di un italiano”. L’itinéraire se conclue à Casarsa della Delizia (Friouli), le pays natal de l’intellectuel italien, Pier Paolo Pasolini, visionnaire des années 1960.
Toutes les localités où la barque s’arréte au cours des saisons sont situées au bord de la riviére : Caorle, Concordia Sagittaria, Portogruaro et Gruaro.
Le regard de la réalisatrice est de nature anthropologique : observer et écouter des groupes d’habitants - témoins privilégiés- liés par l’amitié et l’amour pour leurs racines qui décrivent et racontent leur territoire de différents points de vie (l’histoire, l’archéologie, la nature, le paysage, l’eau et la littérature).
On voit défiler le paysage au rythme des “quatre saisons” d’Antonio Vivaldi”, interprétées par les “sonatori della gioiosa Marca”.
La supervision musicale a étè assurée par le directeur d’orchestre Francesco Fanna – Directeur de l’Institut Italien Antonio Vivaldi de la Fondation Cini-.
Partenaires du projet :
Le documentaire a été produit par l’Association WWF de la Vénétie orientale grâce à un concours organisé par la Fondation Santo Stefano de Portogruaro et grâce au précieux soutien et à la collaboration offerte par différentes institutions locales : Provincia di Venezia, Consorzio di bonifica pianura veneta tra Livenza e Tagliamento et Acque Basso Livenza spa servizi idrici interregionali.
La divulgation du documentaire sera assurée par la Région de la Vénétie et les collectivités locales de la Vénétie orientale.
Identità film festival
“L’identità Film festival” se déroule chaque année entre Roma, Parma et Berceto.
L’identità film festival facilite la promotion de l’identité territoriale, nazionale, internationale, culturelle et anthropologique.
Le festival est ouvert aux réalisateurs de tous les pays du monde.
link : www.festivaldelleidentita.it
L’édition 2011 a recompensé trois films qui traitent l’identité de façon différente :
Catégorie Documentaire
"Stagioni e salotti sul Lemene" di Murielle Drouille-Scarpa (Italie, 2011)
Categorie Long-métrage
"Arrivederci" de Valeriu Jereghi (Moldavie, 2008)
Categorie Court-métrage
"Il était une fois à l’aube" di Dali Nahdi (Tunisie, 2010)
Soutien à un réalisateur pour dénoncer le tourisme au Brésil
José Huerta est réalisateur de films documentaire et en 2008 il a réalisé un film sur les pratiques touristiques d'investisseurs Autrichiens qui, sous couvert de pseudo projet social, développent un important projet d’investissements qui déstabilise un village de pêcheurs traditionnels au Brésil.
Outre le rachat passif de terrains, ils se sont appropriés illégalement une partie de plage pour y implanter un centre de Kite-surf. Les conséquences sont importantes puisque les pêcheurs ne peuvent plus pêcher à cet endroit.
Le film dénonce cette situation et aujourd’hui ces investisseurs l’attaquent abusivement en justice avec 8 procès au Brésil. Ils demandent d’importants dommages et intérêts (60 000 euros) et José Huerta a dû engager un avocat sur place. Il est évident que sur le fond, ils ne devraient pas avoir gain de cause.
Le but recherché est de l’intimider pour éviter la diffusion du film. Néanmoins, les procès se déroulent au Brésil où les problèmes de corruption sont récurrents.
C’est pourquoi il lance une campagne de dénonciation ainsi qu’une souscription (vente du DVD du film) pour régler les frais du procès (6000 euros). Il s’agit également de faire pression pour éviter toute corruption du juge.
Si vous ne pouvez vous rendre à la projection, le film est visible sur Internet en cliquant ici
Pour plus d'informations concernant ce projet au Brésil, consultez notre rubrique Carton Rouge
Médiathèque Echoway: 200 documents en ligne
EchoWay dispose d’une base de données, sans cesse actualisée, mais qui comprend déjà plus de 200 notes, rapports, études, mémoires, articles, dossiers, etc. Tous téléchargeables en PDF depuis la médiathèque. La ressource web répertorie 150 liens Internet en France et à l'international. Enfin la médiathèque propose tout le matériel pédagogique créé par EchoWay pour les écoles, les jeunes et les comités d'entreprises.
Cette médiathèque est accessible uniquement aux adhérents. Si vous êtes intéressé par la thématique, vous y trouverez une foule de renseignements.
http://echoway.free.fr/
|
|