Un dur exercice que de se prononcer sur une pratique vieille comme le monde, mais accentuée par le tourisme. Que diriez-vous sur la mendicité ? Doit-on donner ou ne pas donner , nous ont demandé journalistes et touristes.

Il faut prendre le temps de bien choisir les objets qu'on va ramener car l'exploitation des artisans est bien réelle dans les pays du sud, et s'est développée avec le tourisme. Changer cette situation n'est pourtant pas très compliqué.

D'abord quelques faits...

> La mendicité augmente avec l'arrivée du tourisme. Dans certains pays, la mendicité n'existe que dans des lieux touristiques. Elle touche beaucoup les enfants et les femmes.
> La « mendicité traditionnelle » est bien différente de la mendicité liée au tourisme. Dans certains pays, en particulier en Europe de l'est, la mendicité en direction des touristes, peut-être encadrée par les mêmes réseaux que ceux de la prostitution et de l'exploitation infantile. Elle rejoint directement dans ces cas-là, l'industrie du tourisme sexuel.

Donner ou ne pas donner ?
Aux enfants
> Si vous avez décidé de donner de l'argent à un enfant , demandez-lui d'abord de faire venir sa mère (qui très souvent n'est pas loin) pour lui donner directement à elle. Il ne s'agit pas de juger la mère en « mauvaise mère » parce que tout touriste comme tout humain est plus sensible au sourire d'un enfant. Si les femmes envoient leurs enfants mendier, c'est parce qu'ils ramènent plus d'argent, tout simplement. Mais c'est un moyen simple de créer un autre échange que celui fugitif, de la main qui se tend . Si le gamin n'a pas de mère (ce qui arrive aussi souvent puisque les enfants des rues sont bien souvent obligés de mendier), pourquoi alors ne pas l'inviter à manger ?
Un bon plat consistant plutôt que de l'argent pour la drogue par exemple ? Jusqu'à présent, les touristes qui ont testé sont plutôt ravis de l’expérience.

Aux handicapés
> Les personnes handicapées vivent bien souvent de la mendicité, avec et sans le tourisme. Dans les pays pauvres, la société en général est invitée à les aider et les prendre en charge, touristes comme populations locales, puisque les aides du gouvernement n’existent bien souvent pas. Au Vietnam par exemple, le nombre d'enfants touchés par les conséquences de l'agent orange et qui mendient auprès des touristes sont bien souvent « rejetés » par la société en générale. Les touristes sont donc leur meilleur soutien. La situation est complexe, n’hésitez pas à demander aux gens comment vivent les handicapés si vous en voyez mendier.

Les cadeaux
> Les stylos, ballons de baudruche, etc, sont de préférence à donner à l'école ou aux parents (pour les anniversaires par exemple). Il existe bien souvent des orphelinats pour des dons. Vous pouvez demander à en visiter un.

Dans tous les cas, on peut :

> Eviter de donner au moment où des dizaines d'enfants vous entourent avec des « stylo, mister », « one dollar, mister », etc. Le problème est que bien souvent les voyages organisés en bus n'ont que quelques moments de contact avec la population et favorisent ce type de regroupement
> Donner de préférence moins souvent mais de plus grosses sommes
> Chercher l'échange avec ces nuées d'enfants et si l'on choisit de refuser, dire non avec le sourire.