Quel avenir pour le Machu Picchu ?
Merci à Cécile Guerret pour ce témoignage.
Comment peut-on se rendre au Machu Picchu ? Y a-t-il un autre chemin pour ne pas participer aux voeux du gouvernement péruvien, qui veut mettre cette cité inca sous verre, construire un téléphérique et un grand complexe hôtelier près du site? Bref, développer un tourisme de luxe dans cette région au détriment de la population locale et des Péruviens en général.
Le Machu Picchu est un des lieux les plus visités du Pérou. Qui n'a pas rêvé une fois dans sa vie de parcourir ses ruines et vivre quelques heures aux temps des Incas ? Situé à l'extrémité de la vallée sacrée , le plus proche village, à 1/2 heure de bus est Aguas Calientes. On accède à Aguas Calientes par le train depuis Ollantaytambo (ville la plus proche) qui possède un réseau routier allant à Cusco (grosse ville régionale). Ce village perdu, autrefois vivant de l'agriculture, devrait vivre actuellement au rythme des touristes. Quant est-il vraiment?
Pour atteindre le Machu Picchu, plusieurs chemins sont possibles
> A pied
A partir du chemin des Incas (ancien chemin qui permettait de relier différentes cités entre elles). La randonnée pratiquée est de quatre ou deux jours et peut se terminer par une nuit au village d'Aguas Calientes.
Est-il possible d'effectuer cette randonnée seul ? NON. Loi et décret à l'appui, les touristes doivent passer par une agence de voyage à prix prohibitif.
Ainsi les péruviens ne peuvent pas profiter de cette partie de leur patrimoine . Marcher coûte cher !
Les causes invoquées sont multiples : dégradations du chemin, détritus, encadrement en cas d'accident. Alors pourquoi faut-il qu'en 2003 une association recherche des bénévoles pour entretenir le chemin et récupérer les détritus ? Les secours arrivent-ils plus vite lorsque l'on est encadré ?
> En train avec une agence de voyage
Il vous en coûtera un peu moins cher mais seules quelques heures de visite sont accordées sur le site pour une prestation d'une journée. Par contre, les visites de plusieurs jours s'effectuent à partir d'Aguas Calientes. Il s'agit d'un enrichissement des agences de voyages sans profit pour le village Aguas Calientes.
Refuser un tel système c''est décider de se débrouiller seul. C'est possible après informations contradictoires aux offices du tourisme et à la compagnie de train Pérurail (deux jours de démarche !).
> Bus + train
Cusco-Ollantaytambo bus, puis Ollantaytambo-Aguas calientre en train.
Rechercher un petit hôtel à prix abordable et en monnaie locale est-il possible ? Malgré le faible taux d'occupation des hôtels, les prix sont encore chers et, payés en dollars de préférence.
Rechercher un restaurant est très facile. Une pléthore existe autours des rues centrales. Le choix est difficile : ils sont tous vides matin et soir.
En fait, les agences de voyages de Cusco possèdent leurs propres hôtels et restaurants où sont parqués tous les touristes qui suivent des tours operators. Résultats, les quelques touristes refusant ce système utilisent les infrastructures mises en place par la population locale d'Aguas Calientes .
Un train exploité
>La région ayant promis une amélioration du système touristique visitant le Machu Picchu, les restaurateurs et hôteliers se sont endettés afin d'améliorer leurs installations. Ils pratiquent des prix élevés et concertés sachant que les quelques touristes coincés en fond de vallée sont obligés de se loger et de se nourrir.
Les locaux ne peuvent plus payer le train exploité par Perurail pour retourner en ville notamment à Cusco ou Ollantaytambo.
> Ce système ferroviaire anciennement exploité par une entreprise péruvienne est passé aux mains d'une entreprise américaine pour quatre ans. Celle-ci veut développer un tourisme de luxe du site et pratique des tarifs prohibitifs aussi bien pour les touristes que pour les indigènes.
> Une pétition de l'union des commerçants d'Aguas Calientes circule contre l'hégémonie de ce système d'exploitation du train et cet enclavement.
Contraints à acheter des denrées provenant exclusivement du train, les villageois sont prisonniers du système et payent le prix fort qui se répercute sur les prestations touristiques.
Cécile Guerret