Le tourisme Vert-kaki, collectif de Solidarité Chiapas-Mexique-Toulouse
Nous reproduisons ici un tract distribué au Salon du tourisme (4, 5 et 6 février 2005), à Toulouse. L'article a été écrit par Le Collectif de Solidarité Chiapas-Mexique-Toulouse. Pour les contacter : chiapas31@laposte.net
> Nous sommes des millions de par le monde à avoir l'illusion de partir vivre un rêve individuel (unique ?), en réalité formaté par une industrie, celle du tourisme, qui figure aujourd'hui parmi les premières industries mondiales en termes de chiffres d'affaires.
L'écotourisme est à la mode. Parmi ses destinations alléchantes : les forêts tropicales d'Amérique centrale. Une nature préservée, des civilisations indiennes "authentiques", l'aventure... Une bulle d'évasion et de liberté.
> Mais, hélas, il n'y a pas de bulle... Et les touristes, même animés des meilleures intentions, sont aussi instrumentalisés dans des conflits où leur rêve devient le cauchemar du paysan chassé de sa terre ou contraint de se transformer en salarié de cette industrie florissante.
Au Chiapas, dans le sud-est du Mexique, les communautés indiennes se sont soulevées en 1994 pour leur dignité, la reconnaissance de leurs droits et l'accès à la terre.
Depuis , 60 000 soldats occupent la zone. Récemment , le conflit s'est accentué autour de la réserve de biosphère des Montes Azules dans la Selva Lacandona , reconnue patrimoine mondial pour sa très riche biodiversité. Mais en même temps que des communautés indiennes en sont expulsées sous prétexte qu'elles nuisent à l'environnement, on voit se développer, à quelques pas de leurs villages abandonnés sous la menace, de petites entités de tourisme vert, d'écotourisme, ou encore de tourisme "scientifique".
En effet, si les Indiens qui l'habitent sont pauvres et rebelles, la terre du Chiapas, elle, est riche et suscite mille convoitises pour ses ressources naturelles du sol, du sous-sol et d'eau potable, autre enjeu stratégique du XXI e siècle.
> Qui dit promotion du tourisme, dit développement des infrastructures de transport et de communication. Voilà donc un excellent mode opératoire "pacifique" pour déblayer le terrain , sans trop heurter les sensibilités de l'opinion publique. Il n'en reste pas moins que sur les routes, aujourd'hui construites à proximité et dans la réserve des Montes Azules, ce seront tout d'abord les convois militaires qui s'avanceront jusqu'aux communautés les plus reculées refusant de quitter eurs terres. Puis les automitrailleuses entreprendront de "sécuriser" la vaste entreprise de spoliation des richesses de la forêt, au profit de quelques consortiums pharmaceutiques, agro-industriels ou énergétiques qui demandent des garanties" pour leurs investissements.
> Ce scénario, loin d'être un cas isolé en Amérique centrale, se prépare sous l'impulsion des gouvernements mexicain, américain et de l'Union européenne (engagée avec un budget de 15 millions d'euro dans un projet de développement "durable" de la Selva Lacandona ). Complices : certaines ONG environnementalistes puissantes comme le WWF et Conservation Internationale (proposée cette année pour le prix du "Public Eye Award 2005" à Davos, trophée attribué aux tristes champions d'une politique écologiquement et socialement insoutenable).
> Alors, ne soyez pas dupes ! Les populations locales sont prises en tenaille et luttent pour construire des alternatives qui respectent la terre, leurs modes de vie, leur autonomie et leur dignité. Informez-vous.
Le Collectif de Solidarité Chiapas-Mexique-Toulouse
Pour les contacter :
chiapas31@laposte.net