L’industrie des vacances
Texte écrit par Stéphane Gignon, membre d'EchoWay
Un poids économique majeur
Le tourisme est la première activité de services au monde ; son poids économique est prépondérant et ne cesse de croître. Le nombre de touristes internationaux était de 80 millions en 1960, 300 millions de personnes en 1980, 450 millions en 1990 à 700 millions en 2000 , et la pourévsion tourne autour de 1,5 milliards pour 2020. Le tourisme a généré environ 500 milliard d'euros de bénéfices en 2002 selon l'OMT. Le secteur représente 10% des devises des pays en voies de développement et 5 à 15% des emplois. En 2004, les cinq premières destinations touristiques sont les USA, l'Espagne, la Fr ance , l'Italie, et la Chine. Mais derrière ces chiffres se cachent des réalités incroyablement négatives.
Les conséquences sociales
> Expropriation et déplacement des populations
Le tourisme crée une envolée des prix sur place en particulier pour le foncier et les articles de la vie courante. Les locaux, attirés par le gain, vont vendre leurs terres pour un hôtel et se retrouvés sans patrimoine pour survivre. De même, les autorités locales n'hésitent pas à déplacer des populations pour aménager des structures touristiques.
A l'inverse, les différences de niveaux de vie entre visiteurs et locaux peuvent être un facteur d'exode vers les zones touristiques, au détriment d'autres activités (agriculture…). Les pourboires et autres rétributions sont souvent largement disproportionnés avec les rémunérations locales classiques.
> Tourisme sexuel
les mineurs et les jeunes femmes se retrouvent dans des réseaux de prostitution . Même si la pratique est interdite dans le monde entier, des pays (Thaïlande, Cambodge, Brésil, Mexique, Costa Rica, etc) possèdent toutes les installations (quartiers, bars, discothèques ) pour des clients qui sont des touristes étrangers.
> Enrichissement en priorité des pays du nord
Pour se mettre en adéquation avec la demande mondiale, les pays du sud ont recours à des produits d'importation, du service d'ingénierie, etc . Souvent, les produits nécessaires à l'accueil des touristes ne sont pas produits localement, leur importation représente une fuite non négligeable des bénéfices du tourisme. Ainsi, plus l'économie du pays d'accueil est diversifiée, plus ces fuites peuvent être minimisées. Certes l'activité touristique génère des emplois sur place, mais il s'agit principalement de main d'œuvre peu qualifiée, les postes à responsabilité restent souvent réservé aux cadres étrangers.
> Utilisation de l'argent public pour les bénéfices des opérateurs touristiques
Avant qu'un grand hôtel accepte d'investir sur place, il attend que le gouvernement du pays finance les routes, aéroports, adduction d'eau et d'énergie. Ces installations sont certes publiques mais la plupart du temps, ce ne sont pas les locaux qui en profitent. Il est si courant de trouver à côté d'une station touristique qui dispose de tous les services publics, des quartiers habités par les locaux qui n'ont ni l'eau ni l'électricité.
Une activité pas toujours choisie :
Le village qui choisit de créer un projet touristique n'est pas le seul concerné par cette décision. une zone beaucoup plus large, de gré ou de force, en subira les conséquences, comme par exemple, la hausse des prix. De fait tout ne relève pas du libre choix et bien souvent les problèmes relationnels dans le tourisme (mendicité, délinquance, etc) naissent devant un projet imposé.
Le choc des cultures
Le touriste est par définition un élément perturbateur. La confrontation entre touristes et locaux sera d'autant plus grande que les cultures, les modes de vie, les normes sont éloignées les unes des autres. Beaucoup dépend de l'éducation des touristes et leur capacité à s'ouvrir à des réalités différentes aux leurs
Les effets négatifs sur l'environnement
> Les sites naturels disparaissent sous le béton : le tourisme contribue de façon prépondérante à la perte d'espaces naturels.
>La production de déchets : Emballage plastiques, bouteilles d'eau, piles, etc, la production de déchets augmente et devient ingérable pour des nations pauvres, en particulier pour les produits toxiques comme les piles.
>La raréfaction des ressources locales et leur surexploitation : L'eau est aujourd'hui le problème majeur d'autant que les touristes consomment en moyenne trois fois plus d'eau en vacances que chez lui mais jusqu'à 7 à 10 fois plus d'eau qu'un paysan local.
Un voyageur individuel dépense en moyenne 95$ de produit locaux contre 50$ pour un voyageur qui a pris un package. Le voyageur individuel représente 10% des voyageurs (Ministère du Tourisme 2004).