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"Cartons rouge" au tourisme

 
  Mexique: La Basse Californie est en vente
 

La Basse Californie est en vente

La magnifique péninsule de Basse Californie est en train de se peupler de touristes alors que le territoire ne se prête pas du tout à cette activité.

Béton sur la plage

Ces longues plages désertes ne seront sans doute plus sous peu. Les côtes de la Basse Californie (Etat du nord et du sud) sont en vente pour accueillir toujours plus de touristes.

Et oubliez tout plan intégral de développement, un semblant de logique, un peu de conservation du milieu, un brin de conscience sur l'eau, il n'y a rien.

Le modèle proposé est une station touristique qui comprend marina, hôtels et lotissements en location : la très traditionnelle maison US en béton, avec tout le confort « nécessaire », reproduit à l'infini. Autour, des gardes de sécurité privée pour repousser tout promeneur qui aurait le culot de vouloir voir la plage.


La Basse Californie est ainsi devenue « territorio gringo » (territoire américain) comme disent les Mexicains dépités. Pour l'instant la concentration se voyait surtout au sud de La Paz où une partie de la côte n'est déjà plus accessible au badaud pour cause de petites maisons grillagées. Mais depuis que l'ex président Fox a choisi en 2001 de développer le projet touristique Mar de Cortès (voir carton rouge : les faussaires de l'écotourisme), les promoteurs en tout genre s'activent d'acheter au nord, à l'est et à l'ouest, partout où le lieu est préservé. Le projet consiste à installer des marinas pour recevoir les yachts et bateaux de croisière américains.


Une nature protégée

Il est malheureux de noter que les Aires naturelles protégées (ANP) de la Basse Californie sont particulièrement visées par les pro (des) moteurs à béton. La Réserve de la Biosphère El Vizcaíno , la plus importante d'Amérique latine (2.5 millions d'hectares) et la ANP Vallée des Cirios, plus grande qu'Israël, voient leurs territoires se faire coloniser.

Il saute aux yeux que ce type de tourisme gaspilleur des ressources, est totalement inadapté à son environnement. La Vallée des Cirios a une population inférieure à 2500 habitants pour être une des plus arides du pays, avec une précipitation annuelle qui ne dépasse pas les 100 mm. La rareté de l'eau fait que la majorité des plantes ne grandissent que de 2 à 3 cm par an.

Et l'eau ?

C'est pourtant là, que les touristes sont invités à prendre des bains, jouer au golfe et user draps et serviettes. C'est également ici qu'on a choisi d'augmenter rapidement la population puisque le tourisme va « créer de l'emploi » et donc attirer une population pauvre en quête de revenus.

Le gouvernement mexicain a résolu le problème à son habitude : une solution facile, ni durable, ni écologique et dont l'impact est inconnu. Comme il n'y a pas d'eau mais qu'on est prêt de la mer, on va désaliner et voilà…chaque projet touristique se doit donc de construire une usine de désalinisation d'eau de mer…étant donné que les chiffres les plus fous sortent sans cesse sur les projets, les touristes espérés etc, le nombre d'usines prévus n'est pas plus clair.

Mais plus de 50, c'est sûr… « À l'heure actuelle, il n'y a aucune norme, aucune loi au Mexique qui dicte les conditions de fonctionnement et d'installation des usines. Le gouvernement estime qu'il n'y a pas d'impact, alors qu'une étude en Espagne a démontré le contraire » estime Pablo Uribe, avocat spécialisé en environnement au CEMDA (Centre mexicain du droit en environnement).

Les premiers dégâts

Les terres en vente provoquent déjà des dégâts dans les communautés entre ceux qui veulent vendre et ceux qui veulent garder un bout de plage, souvent parce qu'ils l'ont aussi aménagé avec quelques cabanes pour gagner un peu d'argent. Mais les promoteurs veulent tout ou rien.

Par exemple, l'ejido (type de propriété collective au Mexique) Tierra y Libertad, c ' est-à-dire la Bahia de los Angeles, là où on accède au trésor des îles de Californie, fait 416 125 hectares qui appartiennent à 81 pêcheurs et éleveurs de vaches, en majorité. Les promoteurs veulent tout l'éjido et proposent aux propriétaires la coquette somme de 7 millions de $ chacun. Pure spéculation ? Personne n'en sait rien, mais presque tout le monde veut vendre et empocher le pactole d'une terre aride où même les vaches meurent. Par contre les 700 autres habitants n'empocheront rien mais verront leur vie changer pour toujours.

A l'ejido voisin du Nuevo rosarito (175 773 hectares), la situation est identique : on propose 6 millions de $ aux 62 propriétaires qui ne savent pas quels projets sont prévus sur leurs terres. On parle de tourisme et de mines, mais « quien sabe ? » (qui sait ?) est la réponse la plus entendue.

Les seules communautés qui sont un peu plus au courant sont les communautés menacées d'expropriation pour laisser place aux touristes.

La coopérative de pêcheurs de Santa Rosaliita, sur la côte pacifique sait par exemple que Fonatur, l'agence gouvernementale qui développe les stations touristiques, a l'intention de déplacer le village dans les montagnes: « ils veulent la plage pour des hôtels, c'est tout ce qu'ils nous ont dit. Au début, ils nous ont parlé de progrès, de travail et aujourd'hui on voit qu'ils veulent surtout nous voir partir » explique le président de la coopérative de pêche.

Pêcheurs contre touristes, les relations de voisinage sont déjà mauvaises….

Comment les baleines qui migrent chaque année dans le coin pour donner naissance vont supporter les bateaux de croisière et autres yachts ? Personne ne le sait, tout le monde s'inquiète, à commencer par les spécialistes du milieu marin. Ils tentent de tirer la sonnette d'alarme au niveau international pour que le Mexique entende raison. Mais bien des promoteurs ne seront pas Mexicains…

EchoWay tentera de faire connaître les noms des entreprises qui vont dénaturer ce paradis. On vous pari des noms américains et européens….