Tziscao |
Région, ville la plus proche : Chiapas - Comitan de Dominguez
Auteur et dernière mise à jour : EchoWay, avril 2008
Vous consommez du café équitable et peut-être même biologique. Mais connaissez-vous les gens qui le cultivent pour vous ? Voici le portrait du village de Tziscao, un village maya chol situé dans le magnifique parc national de las Lagunas de Montebello tout au sud du Chiapas, à la frontière du Guatemala. Outre les attraits naturels du parc, on y trouve une coopérative productrice de café, la coopérative de café équitable et biologique de Tziscao.
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Curieusement, le village abrite deux projets touristiques communautaires :
- Celui qui est géré par l’ejido, la collectivité locale;
- Celui qu’a démarré depuis deux ans la coopérative de café en vue de diversifier ses activités économiques
L’ejido s’est vu confier par l’État mexicain la gestion, l’exploitation et l’entretien d’une vaste partie du parc national. Les guides locaux ont reçu une formation du ministère du Tourisme et de celui de l’Environnement. Ainsi, les revenus provenant des touristes qui visitent le parc reviennent à la communauté. Un hôtel, des cabañas (maisonnettes) et un restaurant adjacent sont à la disposition des visiteurs qui souhaitent séjourner dans le village.
De son côté, la coopérative a construit, au cours de la dernière année, une première cabaña, avec toilette et douche, sous forme de dortoir. Elle prévoit en construire d’autres quand ses moyens financiers le lui permettront.
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Créé en 1959, le parc national de Las Lagunas de Montebello s’étend sur 6 022 hectares. L’attrait principal du parc réside dans les lacs multicolores concentrés dans le secteur au milieu d’un spectaculaire paysage montagneux. Au nombre de 52, ceux-ci évoquent des pierres précieuses que les dieux et les déesses auraient laissés tomber au sol. Ils chatoient au soleil dans des teintes qui alternent entre l’émeraude et la turquoise. Certains d’entre eux chevauchent même la frontière avec le Guatemala juste en face. Et les fleurs – principalement les orchidées, une richesse du Chiapas -- abondent dans les îles qui les parsèment.
La culture du café biologique à l’intérieur d’un milieu naturel protégé présente un intérêt supplémentaire. Comme nous sommes en haute montagne, il faut toutefois s’attendre à subir la pluie, indépendamment de la saison, et le brouillard. < strong>Mais lorsque la brume flotte doucement au-dessus des lacs le matin, on se croit vraiment dans une forêt enchantée...
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Les Mayas représentent un groupe culturel formé de plusieurs ethnies parlant des langues mutuellement inintelligibles . Au Chiapas seulement, on retrouve neuf de ces ethnies. Pour les habitants de la région, la frontière entre le Mexique et le Guatemala demeure artificielle. C’est d’ailleurs à la suite d’un référendum tenu en 1821 que le Chiapas a été rattaché au Mexique. L’ethnie chol (ou chuj), présente à Tziscao, s’étend « en continu » de part et d’autre de la frontière; elle est originaire du Guatemala et descend d’une dizaine de familles venues s’établir au Chiapas au XIXe siècle. Le nom Tziscao (ou Tziskaaw dans la langue originale) fait référence au pont de pierres construit par les nouveaux arrivants pour relier les deux pays. Toutefois, du côté mexicain, la langue s’est en grande partie perdue, et peu d’habitants de Tziscao, seuls les plus âgés, la parlent encore. C’est davantage par la connaissance approfondie du milieu naturel et les pratiques agricoles que s’exprime la culture traditionnelle.
La mise en place récente de kiosques, financés par l’État du Chiapas et l’Union européenne permet maintenant aux artisans locaux de faire connaître et de vendre directement leur artisanat coloré aux touristes. Mentionnons que le Chiapas est le lieu d’origine de la marimba, xylophone d’origine africaine mais devenu l’un des symboles de la musique traditionnelle du Mexique.
L’entité « ejidale » présente dans plusieurs États du Mexique résulte des acquis de la Révolution (1810-1820) ayant permis l’acquisition et la gestion collective des terres par les paysans ainsi que des structures politiques traditionnelles autochtones.
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Il serait dommage de se limiter au tour à la journée proposé par les agences de voyages locales pour admirer les lacs, les orchidées, faire une promenade en radeau, et rentrer à San Cristobal. Ces circuits ne profitent finalement que très peu aux communautés locales.
Pour les visiteurs qui disposent de plus de temps et même qui décident de résider au village, une gamme d’autres activités s’offrent à eux : la randonnée pédestre, le VTT, la baignade (dans les lacs autorisés seulement), le kayak, le camping et l’observation des orchidées. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une activité proposée, les membres de la coopérative de café seront heureux et fiers de vous la faire visiter sur demande (prévoir un pourboire). Il ne faut pas non plus oublier de faire sur place sa provision de café équitable et biologique!
Les environs offrent également d’autres occasions de visiter des sites naturels particulièrement attrayants et, qui plus est, gérés collectivement par des coopératives. Mentionnons les centres écotouristiques d’El Chiflón, où une randonnée dans un sentier montagneux conduit à des chutes spectaculaires et de Las Nubes, situé au milieu de cascades turquoise et à l’orée de la forêt tropicale lacandone. Deux sites archéologiques, moins célèbres que Palenque (à quelques heures de route), se trouvent à proximité : Chinkultic et Toniná.
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Bien que le parc national ait été créé en 1959, c’est en 1976 que l’ejido de Tziscao s’en voit confier la gestion par la Commission nationale des aires naturelles protégées (CONAP). Néanmoins, il s’est écoulé un quart de siècle avant qu’il puisse véritablement en tirer avantage, car l’absence de route rend l’endroit plutôt inaccessible. Ce n’est donc que depuis quelques années que les touristes peuvent découvrir cette magnifique région. Toutefois, le nombre de visiteurs demeure faible, et ces derniers se limitent pour la plupart à l’excursion d’une journée offerte par les agences de San Cristóbal de las Casas.
Le principal défi de l’ejido et de la coopérative réside encore une fois dans la commercialisation. La présence de deux projets touristiques communautaires dans un même lieu laisse croire qu’il y a peut-être un manque d’unité de vision à l’intérieur de la communauté.
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Malheureusement le parc national Lagunas de Montebello est en état de détérioration et l’objet de mécontentements sociaux. Après 45 ans d’existence, il continue d’être une zone oubliée et marginalisée, où les actions entreprises pour sa restauration n’ont pas vraiment fonctionnées.
L’état actuel de la végétation et la qualité de l’eau médiocre reflètent cet état de détérioration des ressources naturelles. Les nombreux conflits de propriété terrienne entraînent des tensions sociales sur l’usufruit des ressources du fait que la vente de produits aux touristes est une des activités économiques principales des habitants.
L’avancée de la frontière agricole et des pâturages à l’intérieur des limites du parc national est le principal facteur de détérioration et un grand risque pour la conservation. Les autres menaces proviennent actuellement du manque de régulation et de réglementation de l’activité touristique, de l’extraction clandestine de bois et de l’inexistence d’un plan de gestion des déchets solides et liquides à l’origine de la contamination des sols.
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La zone regroupe environ 250 familles. La coopérative de café de Tziscao fait partie d’une fédération, la FIECH (Federación Indígena y Ecológica de Chiapas), qui regroupe une douzaine de coopératives de producteurs de café et de miel équitables et biologiques . Elle leur offre des services de torréfaction, de commercialisation et de formation. Le soutien apporté aux producteurs vise, entre autres choses, à freiner l’exode massif des jeunes des campagnes.
C’est l’expérience du commerce équitable qui a donné l’idée aux femmes de la coopérative de Tziscao de diversifier les activités de cette dernière et de se tourner vers le tourisme communautaire pour accroître les sources d’emplois. Ce projet se développe en parallèle avec celui de l’ejido.
D’autres habitants du village ont de leur côté décidé de se spécialiser dans la culture et la vente d’orchidées et ont créé une coopérative à cette fin au cours de l’année 2007.
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L’hôtel géré par l’ejido, naturellement situé en face d’un lac, comporte six chambres et a la capacité d’accueillir 29 personnes. Pour disposer d’une chambre privée, il est préférable de s’installer dans une des cabañas à côté de l’hôtel. L’hôtel offre également un service de restauration.
La cabaña construite par la coopérative – elle aussi en face d’un lac -- accueille 12 occupants.
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Le village de Tziscao se trouve en bordure de la route principale 307 qui traverse le sud du Chiapas, le long de la frontière avec le Guatemala. À partir de San Cristóbal, il faut se rendre à Comitán de Dominguez, changer de terminus et prendre le colectivo pour Tziscao. Le coût total ne dépasse pas 50 pesos. Avec la correspondance, il faut compter facilement trois heures de déplacement à partir de San Cristóbal. À l’arrivée au village, il faut franchir une guérite et marcher plusieurs centaines de mètres pour arriver à l’hôtel de l’ejido ou à la cabaña de la coopérative.
Il n’est pas nécessaire de réserver mais les responsables ne pourront que mieux s’organiser si vous avertissez de votre arrivée.
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Il faut acquitter des frais d’entrée au parc qui sont d’environ 15 pesos. Pour la promenade en radeau, on demande 100 pesos à répartir entre les passagers.
Lors de notre passage, les chambres et les cabañas gérées par l’ejido se louaient 600 pesos par nuit (à répartir entre le nombre d’occupants). Pour loger dans la cabaña de la coopérative de café, comptez 100 pesos par personne.
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